Bonjour,
Jean-Paul Cointet se livre à une minutieuse analyse des bilans successifs de l'épuration sauvage ayant engendré de fréquentes polémiques passionnelles. La droite a généralement surestimé le nombre d'exécutions sommaires tandis que la gauche, souvent mise en cause, sous-estimait le nombre.
Le chiffre avancé par le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale - soit 10.000 exécutions sommaires - était censé clore la polémique. L'enquête était sérieuse mais restait limitée à 76 départements. Elle ignorait notamment la Dordogne, la Haute-Savoir, le Lot-et-Garonne, .... régions particulièrement touchées. Enfin, l'enquête ne semble pas avoir pris en compte les exécutions précédées d'un "jugement" émanant de tribunaux sans fondement légal.
Le chiffre avancé, en 1958, par la gendarmerie - soit 15.110 exécutions - présente à la fois des risques de surestimation (confusion avec les victimes des Allemands) et des risques de sous-estimation car 9 grandes villes (dont Paris, Lyon, Marseille, Metz, Orléans, Dijon, Limoges, Toulouse) n'ont pas été prises en compte. Les exécutions y ont été nombreuses. Robert Aron mentionne, par exemple, la découverte à Marseille de 800 corps non identifiés, de 700 à 800 exécutions répertoriées à Lyon...
Quoiqu'il en soit, Cointet penche pour une estimation d'environ 15.000 victimes, "chiffre, écrit-il, qui doit être considéré comme un minimum".
Bien cordialement,
Francis. |