En réalité, Galland a indiqué dans son livre que ses camarades et lui appelaient les aviateurs français "Horizontschleicher", littéralement "rôdeurs de l'horizon" (ou : à l'horizon) et non "acrobates furtifs", encore l'une des inventions du premier "traducteur" de chez Robert Laffont. Le terme allemand ne contient aucun atome d'acrobatie ou d'acrobate.

Cette impression de Galland était d'ailleurs totalement erronée. Naturellement, les avions français de reconnaissance (tout comme les allemands!) non escortés (si c'était le cas), plus lents, beaucoup moins armés et moins maniables que les chasseurs ennemis, essayaient d'éviter le combat, donc les rencontres avec ces chasseurs. C'est surtout ceux-là que Galland a rencontrés, et il en a abattu trois (Potez 63.11, p-ê un 631). Leur mission n'était pas le combat aérien mais la reconnaissance, ce qui est tout différent. Rapporter les photos faites était souvent d'une extrême importance (par exemple pour déplacer une armée entière, ou même une brigade ou une division). Galland n'a d'ailleurs pas dit clairement qu'il appelait ainsi TOUS les aviateurs français (p-ê seulement, justement, ceux de la Reconnaisance), mais c'est l'impression (fausse) qu'il a donnée.

Sauf erreur, il n'a rencontré de chasseurs français qu'une seule fois (dommage), le 3 juin 1940, lors de l'opération allemande "Paula" contre la région parisienne, et il a abattu un Bloch 152 et deux Morane 406 mais dans des conditions où les Français étaient très désavantagés. Galland et son ailier Ankum-Frank n'étaient que deux et ils ont rencontré une quinzaine de MS 406, mais qui avaient décollé en désordre, en pleine attaque allemande, et ils n'étaient pas en formation de combat mais plutôt dispersés dans le ciel. Galland, toujours très agressif au combat, en a profité immédiatement pour en abattre deux coup sur coup mais ensuite, il le dit lui-même, il a bien été contraint de filer à la teutonne malgré la grande supériorité de performances de son Me 109 E-3 sur le MS 406 (vitesse pure, vitesse ascensionnelle). Il est très probable que Galland ait abattu un D.520 le 16 mai à 18 h 30 (heure française), à 5 km au sud de Sedan, mais aucun D.520 ne semble avoir été perdu ce jour-là : c'était p-ê un MS 406 ou un "Hurricane" basé en France. Il a baptisé sa victime "Spitfire" mais c'est impossible, aucun Spit n'étant alors basé en France (sauf 1-2 de reconnaissance) et Sedan, trop éloigné, leur étant inacessible depuis l'Angleterre. Cette fois aussi, Galland a dû cette victoire à son agressivité de chasseur puisque, d'après un récit allemand, il a décollé à vue pour attaquer un "Spitfire" (?) qui s'en prenait à des Ju 52 venus livrer du ravitaillement à son unité (c'était alors la JG 27). Toutefois, une source récente indique "Seclin" (près de Lille) comme lieu de cette victoire : le "Spit" redevient possible! Allez savoir! Seclin, Sedan : mauvaise écriture, erreur à la lecture... Seclin semble désormais presque officiel.

A propos des combats de Galland, spécialement en mai-juin 1940 en France, il ne faut pas oublier qu'ils ne peuvent en aucun cas servir à juger, par exemple, l'aviation française ou la RAF : Galland était un pilote hors pair, extrêmement doué, très fort en voltige, très agressif et fonceur, et il avait déjà accompli, en Espagne, des centaines de missions de combat souvent très dangereuses, certes sur biplan He 51, mais, à condition de survivre (ce fut le cas), pourchassé par les chasseurs "rouges" (républicains espagnols) très supérieurs, volant au fond des vallées encaissées, cela lui avait déjà donné, bien avant la Campagne de France, une expérience du combat, un nombre d'heures de vol et une science du pilotage presque inégalées. En tant que pilote, sa supériorité était écrasante presque contre n'importe qui, et son avion était en outre supérieur à tous les autres en 1940, sauf le Dewoitine 520 (qui était meilleur au combat).