Bonjour,
L'histoire de la pénétration effective et de l'influence réelle des militants "cagoulards" parmi les cercles d'officiers supérieurs mais aussi chez les cadres subalternes de l'armée française reste à écrire.
La "Cagoule" a fait et fait encore fantasmer pas mal de gens; l'attrait complotiste de l'affaire et les influences qu'on prête à ses militants bien réels puisque certains - pas tous, des chefs ayant réussi à être blanchis pour services rendus mais aussi sans doute pour raison d'Etat - furent jugés après la guerre, font attribuer à ce mouvement clandestin des pouvoirs parfois extravagants.
Péan dans ses bios "Le Mystérieux Docteur Martin" et "Vies et Morts de Jean Moulin" a montré que certains membres de l'organisation clandestines et leurs relais légaux des années 30 ont immédiatement rejoint Vichy et/ou plus tard les ultras de la collaboration. D'autres, tout en continuant à obéir au Maréchal, ont créé des réseaux "anti-boches" mais aussi (surtout ?) anti-rouges et anti-gaullistes à partir de leurs liens dans l'extrême droite d'avant-guerre. L'influence idéologique est par essence très difficile, voire impossible à pointer avec une précision "scientifique". Néanmoins, les choix politiques d'avant-guerre de ceux des futurs cadres de réseaux résistants ET vichystes ont sans conteste influencé leurs choix et leur action. On retrouvera certains des noms cités par Francis dans les réseaux résistants de droite "dure" tentant le grand écart entre fidélité à Pétain et aux thèses de la Révolution nationale, tout en affirmant leur volonté de travailler avec les services secrets anglais, "ignorant" la France libre pourtant ralliée par quelques-uns des ex-"cagoulards", il est vrai peu nombreux et assez rapidement neutralisés sur le terrain de l'anti-républicanisme et de l'anti-sémitisme. (Comme on a pu le voir dans le cas Georges Boris, de Gaulle a dès le départ anénati les attentes racistes de ces quelques ralliés issus de l'extrême droite liguarde et cagoularde.)
Groussard est représentatif de ces hommes marqués par l'idéologie maurrassienne quand ce n'est pas par une "idéologie" d'inspiration plus mussolinienne mais qu'un nationalisme blessé par la défaite de 1940 a poussé vers des formes de résistance où se regroupèrent les rescapés des ligues et de la Cagoule.
Une biographie rigoureuse du col. Groussard permettrait certainement d'en apprendre davantage sur ces organisations mi-clandestines qui émargèrent à Vichy en groupements et associations politico-policière mais dont les buts et le recrutement furent, pour d'évidentes raisons d'opportunisme politique, redéfinis par leurs responsables après la Seconde guerre mondiale dans leur livres de souvenirs.
Cordialement,
René Claude |