Les recherches nucléaires allemandes mèneront à l'impasse, faute de motivation des savants allemands menés par Werner Heisenberg. Le 4 juin 1942, ils avaient convaincu Albert Speer, Ministre de l'Armement, que la fabrication d'une Bombe n'était pas envisageable. A l'inverse d'un Von Braun, ils ne sauront pas mobiliser les autorités.

Résultat des courses ? En janvier 1945, une première expérience de fonctionnement de pile atomique va tourner court, au sein de l'Institut Kaiser-Wilhelm à Berlin, les Allemands ayant du au dernier moment démanteler les installations du fait de la percée soviétique sur la Vistule. Les scientifiques reconstitueront une ébauche de réacteur dans une grotte située près du petit village de Haigerloch, dans la région de Hechingen, mais l'expérience sera un échec : le taux de multiplication des neutrons grimpe certes à la plus importante hauteur jamais enregistrée par les physiciens allemands (670 %) mais restera encore loin du niveau exigé pour entraîner une réaction en chaîne. L'eau lourde, élément essentiel pour une telle expérience, manqueait - conséquence du raid de Vemork de février 1943.

La question à se poser est de savoir si ce manque de motivation des atomistes serait lié à des considérations politiques, devant la perspective de confier l'arme absolue à Hitler. Thomas Powers, dans Le mystère Heisenberg (Albin-Michel, 1993), conclut que Heisenberg aurait cherché à décourager toute recherche en ce sens, aussi bien en Allemagne que chez les Alliés, par crainte d'ouvrir la boîte de Pandore. Il ne s'en serait pas vanté après la guerre par souci d'éviter toute prise de bec avec sa patrie, qui aurait pu lui reprocher sa "trahison".