On peut être un grand écrivain et/ou un excellent journaliste et être complètement à l'ouest politiquement. L'Histoire contemporaine est pleine de ces gendelettres de talent fourvoyés avec les pires régimes du XXe siècle.
Le Fig. Litt. publie un papier sur Henri Béraud, prix Goncourt 1922 et journaliste reconnu qui finit une remuante carrrière en Haute Cour pour intelligence (?) avec l'ennemi.
Extrait :
Aujourd'hui, son parcours donne le tournis : en 1918, il crée une revue avec Barbusse et Carco. Quelques années plus tard, il prononce à Médan un hommage à Émile Zola, au côté du colonel Dreyfus. Quand il devient la vedette du journal Gringoire, c'est aux côtés de Colette, Kessel, Guitry et Henry Bordeaux. C'est ensuite qu'il dérape, sans s'en rendre compte, acharné, pendant les temps confus de l'Occupation, à écrire « ce qu'il croit juste et vrai ». À son procès en 1944, c'est principalement son anglophobie qui lui est comptée - il a publié en 1935 un Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage ? Comme le remarque Pierre Assouline : « Ce n'est pas à lui qu'on fera le procès d'opportunisme. » Camus le défend dans Combat, Galtier dans l'Intran, et Mauriac, saint François des assises, écrit : « Grâce à Dieu et pour notre honneur à tous, Béraud n'a pas trahi. » De Gaulle le gracie, sur intervention de la Couronne d'Angleterre fair-play.
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