Bonsoir à tous
Je suis au milieu d'une semaine de travail intensif dans les archives. Avant tout pour mon prochain livre sur la captivité de Mandel et Reynaud et là, la découverte est négative : leur sort ne préoccupe guère Albion ! Alors je m'occupe d'autre chose, par exemple de vérifier certaines affirmations de Baynac, de revenir sur de vieilles brisées comme la mission Rougier et Montoire... et la mort de Himmler bien sûr. Là c'est de mieux en mieux : les documents incriminés sont à nouveau consultables... mais seulement sur cédéroms, en attendant le résultat des enquêtes, qui n'en finit pas de se faire attendre. Mais il faut pour le savoir demander les cotes précises, le site sur lequel il y avait tous les six mois un communiqué disant que les investigations continuaient n'ayant même pas signalé la réapparition des fantômes.
Tout de même une affaire de faux documents s'éclaire, enfin presque : l'arrestation de Muselier, l'amiral de la France libre, le 2 janvier 41 par Scotland Yard en raison de quatre fausses lettres éléphantesques, censées établir sa trahison au profit de Vichy; arrestation suivie d'une libération au bout d'une semaine avec des excuses gênées. Un dossier déclassifié en 2001 dit tout, enfin tout ce que savent les Anglais : le MI 5 a vraiment pris les faux pour des vrais, de Gaulle a donc tort, qui est mort persuadé que l'Intelligence Service lui avait fait un petit dans le dos. D'autre part il n'est pas vrai que de Gaulle ait douté immédiatement, mais seulement le lendemain, tant les Anglais avaient l'air sûrs de leur coup; il n'est donc pas vrai non plus (version Muselier, une fois virée sa cuti giraudiste) qu'il ait vraiment douté de son chef des forces navales ou se soit réjoui de ses malheurs, tant il s'est ressaisi vite.
L'explication de l'amateurisme apparent des Britanniques semble tenir à la personnalité du faussaire en chef, Meffre dit Howard, membre du service de sécurité de la France libre et en relations cordiales avec les Britanniques du MI 5... au point qu'ils ne se sont pas méfiés de lui, se contentant de s'étonner un peu qu'il les avertisse avant d'avertir de Gaulle (celui-ci étant malencontreusement absent de Londres pour le jour de l'An). Reste que c'est Churchill qui donne le feu vert à Morton pour des arrestations immédiates (quatre personnes dont deux secrétaires en galante compagnie) et qu'on peut supposer qu'il n'est pas entièrement mécontent de mettre la France libre dans la mélasse en un temps d'interrègne entre Laval et Darlan, où il nourrit quelques espoirs du côté de Pétain et surtout de Weygand.
Quand je vous dis que l'histoire est une chose passionnante ! |