Pour Parutions. com, Gilles Ferragu écrit dans son compte-rendu du livre édifiant de Léon Goldensohn (présenté par Robert Gellately)
Les Entretiens de Nuremberg :
(...) la lecture des carnets, disparus et retrouvés d’un psychiatre américain, Léon Goldensohn, affecté en 1946 à la prison de Nuremberg, permet de relativiser ce risque compassionnel en dévoilant au lecteur la médiocrité finale des maîtres du IIIe Reich..
Est-ce que l'on peut dire d'individus éduqués aux parcours universitaires et professionnels sérieux qui sont parvenus légalement* (hélas !) au pouvoir et qui ont mis au pas l'Allemagne avec et autour de leur Führer en quelques années en préparant idéologiquement et en mobilisant tout un peuple pour une guerre totale qu'ils étaient des chefs médiocres ? Je ne sais pas si cet adjectif convient bien. En revanche, qu'il y ait eu une dimension terriblement ordinaire dans la barabrie nazie, ça c'est démontré. Mais à Nuremberg, les Alliés ont jugé les grands chefs, ceux qui appartenaient au premier et au deuxième cercles du pouvoir hitlérien : hauts fonctionnaires, diplomates, chefs militaires, économistes, idéologues et gestionnaires. Les Américains leur firent passer des tests qui démontrèrent qu'ils avaient tous, Strasser excepté, un QI au dessus de la moyenne. Même s'il faut utiliser le résultat de ces tests avec précaution, ils prouvèrent que les responsables nazis n'étaient pas des imbéciles. En revanche, on connait la vieille tactique consistant à jouer aux imbéciles. Dans le cas de Hess, quand on regarde les images du procès, on a parfois l'impression qu'il est réellement largué mais qu'à d'autres moments, il suit les débats et qu'il simule la folie.
RC
* Gœring a d'ailleurs déclaré à Nuremberg quelque chose comme "nous n'avons pas eu de mérite car il n'y avait pas d'ennemi."
L'article de Ferragu :
