Cela ne change rien à la perception des poilus au front. Jusqu'au XIXe siècle, les officiers jusqu'au plus haut niveau ou presque sont des entraîneurs d'hommes (voir sous l'empire la position sur le champ de bataille des maréchaux, voire de l'empereur lui-même).
Au XXe, au dessus du grade de capitaine (pour faire simple), ils se sont transformés en "pousseurs" d'hommes, engageant la vie de leurs subordonnés de façon de plus en plus lointaine et "froide" au moins en apparence. Comme l'explique Cédric, l'évolution des conditions de combat rend cette transformation naturelle mais explique ce sentiment très répandu au front, particulièrement en période de crise: "l'autre" (l'artilleur, l'officier, le civil) sont des planqués et l'arrière commence à quelques centaines de mètres en arrière.
D'ailleurs, on retrouve ce sentiment exprimé dans de nombreux témoignages d'officiers de terrain, stigmatisant notamment à Verdun l'ensemble de la hiérarchie, le colonel, le général de brigade mais surtout le froid et inhumain Etat-major. Chacun ordonnant à son niveau d'attaquer ou de contre-attaquer à outrance sans aucune idée des réalités du terrain. |