Bonjour,
Le cas "Vial" illustre un problème plus général : l'utilisation d'événements à forte teneur symbolique par des écrivains, historiens de formation ou d'occasion, spécialisés dans les récits de la Seconde guerre mondiale, un genre longtemps très populaire et d'autant plus accessible que, durant des années, éditeurs, critiques et lecteurs ne s'encombraient pas d'exigences historiques ou d'évalution politique envers ces bouquins. On ne demandait pas à leurs auteurs un CV idéologique, et du moment qu'ils ne la ramenaient pas et qu'ils acceptaient de rester dans le cadre des récits "apolitiques", personne n'y trouvait rien à redire. Cette pratique a permis à des auteurs compromis de se recycler dans les années 50 et 60. Un Georges Blond, par exemple eut quelques ennuis à la Libération pour faits de collaboration mais il s'est refait une virginité en publiant des récits sur des batailles célèbres : Verdun, la Marne, etc. Si les écrivains d'extrême droite se firent discrets jusqu'aux années 80, avec la montée en force du FN, on assiste à un retour du "récit de guerre 39-45" par des auteurs encartés au parti de Le Pen ou sympathisants. Une fois encore, ils pratiquent le camouflage éditorial et opèrent en sous-marins ou en taupes grâce à un genre "apolitique et neutre" qui leur permet de toucher un public intéressé par les questions "techniques" liées aux combats de la SGM. On ne fait pas toujours attention aux noms des auteurs de ces essais "strictement militaires", eux tablent sur cette attitude qui leur permet de familialiser leur lectorat avec des patronymes dont on retrouvera les signatures au bas de textes beaucoup moins "neutres" politiquement.
Cordialement,
René Claude |