Pour savoir ce que les Alliés savaient des projets et des plans d'extermination des juifs d'Europe occupée depuis septembre 1941, je vous invite à vous rendre vers le fil consacré au livre de Fabrizio Calvi Pacte avec le diable.
Dans cet essai, l'enquêteur a repris les travaux d'historiens américains qui ont étudié les dernières archives US déclassifiées à la demande de Clinton au moment de la fusion entre les banques JP Morgan et la Chase Manhattan. Ces deux banques profitèrent directement du dépouillement des juifs par les nazis.
Revenons à la question : difficile de dire ce que les Alliés auraient pu faire concrêtement pour empêcher ou freiner les déportations. Des pressions peut-être, comme celle que de Gaulle utilisa en menaçant Berlin de faire fusiller les prisonniers de la Wehrmacht si des Français libres capturés étaient exécutés comme franc-tireurs ? Une chose est certaine, à Londres et à Washington, les chefs politiques et militaires alliés connaissaient par les rapports du consul chilien pro-nazi en poste à Prague (devenu le protectorat de Bohême-Moravie dirigé par Heydrich) interceptés par les services secrets le sort des juifs des régions occupées. Heydrich en parlait ouvertement avec le consul favorable au nazisme.
Une campagne de presse mondiale aurait pu avertir l'opinion des plans nazis. Il y eut des communiqués et des articles, mais pas à la mesure des massacres commencés à l'Est dès juillet 1941. Une chose encore : Morgenthau, le seul secrétaire d'Etat juif de l'administration Roosevelt ne recevait pas les copies des rapports du consul chilien... ! Dans le docu tiré de son livre, Calvi cuisine un des derniers survivants responsable de la liaison entre les services secrets et le cabinet Roosevelt : l'ex-haut fonctionnaire est visiblement gêné par les questions de Calvi concernant ce point très sensible.
Comme en France, en Suisse, en Hollande, etc, une partie de l'opinion publique américaine était antisémite. Dès lors, pas étonnant que certains de ses représentants l'aient été aussi. Il semble donc que tenter d'empêcher l'extermination des juifs d'Europe n'ait pas été la première de leurs préoccupations, c'est ce qui ressort de l'enquête de Calvi.

Cordialement,

RC

Dans un message sur le livre de Calvi, j'avais écrit :
Concernant les rapports reçus par les services secrets alliés dès 1941 sur les exécutions massives de juifs polonais et soviétiques puis les compte-rendus du consul du Chili à Prague, Richard Breitman parle, textes à l'appui, d'une véritable censure alliée. Il ne fallait pas que les informations terribles contenues dans ces rapports véridiques puissent perturber le déroulement des opérations militaires. Calvi a retrouvé le dernier témoin vivant de ce silence imposé : l'aide de camp de Bill Donovan, patron de l'OSS, qui était chargé des liaisons entre Londres et Washington. Cet homme eut entre les mains la plupart des rapports sur l'extermination des juifs d'Europe obtenus des différentes sources fiables en Europe. Or, 60 ans plus trad, il prétend encore ne rien avoir su de la solution finale. Breitman affirme que ce n'est tout simplement pas possible.
Il y eut censure. Un exemple ? Henry Morgenthau Jr. était le seul membre juif de l'administration Roosevelt. Il n'a jamais reçu les copies de ses rapports. Nul besoin de se demander pourquoi...