On a encore beaucoup de peine à accepter le fait que les pires criminels nazis étaient des être humains "comme nous". Et oui, là réside le drame de l'hitlérisme et la force du film la Chute tient dans le refus du réalisateur de nous montrer les nazis du bunker de la dernière rafale, petits et grands, comme des monstres écumants, des psychopates azimutés, bref, des "extraterrestres". Ils nous ressemblaient, petits paquets de lâchetés, de trouilles et d'arrogance contrariée... C'est ce que soulignait finement Alain Finkielkraut dans l'entretien accordé au quotidien suisse romand que j'avais déposé à la sortie du film. Les nazis aimaient leurs enfants et leurs chiens, étaient polis avec le petit personnel, ils écoutaient de la musique, souvent en fins connaisseurs... les Heydrich jouaient avec les Canaris des musiques de chambre. La scène de l'excellent téléfilm Conspiracy (prod. HBO) dans laquelle Heydrich parlant à Eichmann d'une pièce sublime de Schubert, dit : "Vous écouterez ce morceau; il vous fendra l'âme", après avoir fait accepter le solution finale au représentants du NSDAP, à la SS et aux ministères concernés , est un raccourci remarquable qui souligne cette proximité humaine qui nous dérange tant.
Après avoir lu pas mal de choses sur le pangermanisme, les origines "philosophiques" du national-socialisme, les crises politiques et morales des années d'après la Grande guerre, le rôle indéniable du Traité de Versailles qui assomma le vaincu, les poussées impéralistes germaniques, etc, etc, etc, il reste cette terrible question liée à la proximité psycho-socio-culturelle avec les Allemands de la première moitié du XXe siècle qui ne sont PAS des aliens, ce serait si simple !
Alors, oui, les derniers défenseurs du bunker de la chancellerie du Reich eurent des comportements humains et le réalisateur a choisi de le montrer en évitant les caricatures souvent contre-productives sur le plan du questionnement intime : et moi, quelle est ma part d'ombre... ?
Bien cordialement,
RC |