Dans l'ensemble, je suis d'accord avec vos remarques.
Reste que le mythe américain du héros ou/et anti-héros, par exemple, - l'identification est possible dans les deux cas - fonctionne toujours, sur place et également depuis l'étranger. Si je prends ma discothèque, 60% des albums que j'écoute régulièrement ont été produits aux USA, entre 1930 et 2006. (en gros) De Billie Holiday aux Strokes en passant par Dylan et Springsteen.
Les artistes américains aujourd'hui lucides, ceux qui n'ont plus la prétention de changer le monde par une révolution, violente ou pacifique comme dans les années 60, mais exigent les moyens d'un contrôle citoyen sur l'application des choix des élus ont la gueule de bois existentielle. Ils vivent depuis la fin des années de l'illusion lyrique dans le deuil mais restent attirés et même hantés par certains des mythes fondateurs des Etats-Unis. Chez Springsteen qui plaît aussi beaucoup aux Européens, ses mélodies évoquent inévitablement l'espace, les routes aux horizons infinis, le "born to run", - même si c'est pour aller dans le mur ! - et en même temps, ses paroles disent une nostalgie, la prairie ajourd'hui fermée, les villes et voies sans issue du pays. Ce sont-là des digressions d'intello. Mais que peut-on faire/dire d'autre... ?
Bien cordialement.
RC
PS : les films de Jarmusch, des frères Coen, d'Eastwood disent aussi la prairie finie et les rêves morts. |