Le Père M. CORDIER écrit. sur les Evadés par l'Espagne.. - Aux frontières de la liberté - forum "Livres de guerre"
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Aux frontières de la liberté / Robert BELOT

 

Le Père M. CORDIER écrit. sur les Evadés par l'Espagne.. de Leon le mercredi 29 mars 2006 à 11h37

...dans la Revue de la France LIbre de Mars 2006.
Grace à mon logiciel OCR récemment installé, je peux partager avec vous sa réflexion, qui, en des termes très clairs, expose la situation de Evadés de France. Désolée, le texte est un peu long, malgré mes coupures, mais j'ai essayé d'attirer votre attention sur quelques éléments forts avec des caractères gras.
Voici:

***Je voudrais vous entretenir d'un sujet que l'historien Robert Belot appelle « les infortunes de la mémoire », à propos des évasions de France par l'Espagne de 1940 à 1944. (…) Il a fallu attendre 1998 pour que paraisse le livre de Robert Belot, Aux frontières de la liberté, un ouvrage construit scientifiquement, basé sur des archives, qui dégage la signification historique de l'événement.
(…) les Evadés ont apporté un souffle nouveau aux armées françaises qui se refondaient au milieu de 1943, par la réunion difficultueuse des Forces Françaises Libres et de l'armée d'Afrique. De la campagne d'Italie à la prise de Strasbourg et jusqu'en Allemagne, on trouvera sur terre, sur mer et dans les airs, des Evadés de France au premier rang. (…) Or, malgré tout, force est de constater, que même de nos jours, l'évasion par l'Espagne en vue de rejoindre les forces françaises combattantes est au mieux ignorée de la plupart quand elle n'est pas sous-estimée, voire vilipendée par quelques-uns.
Soixante années d'efforts pour exister
Exister, c'est être reconnu pour ce qu'on est. Pour les Evadés de France ce fut une longue histoire.
La première association fondée s'appela l'Union des Evadés.
Elle vit le jour à Alger en 1943.(...) Il s'agissait plutôt de regrouper, de renseigner, de conseiller, de patronner les nouveaux arrivants, le plus souvent dans l'ignorance complète de la situation en Afrique du Nord, de l'état de l'armée... et de la vie militaire. C'était bien utile. Au débarquement en Afrique, les évadés étaient consignés dans des camps de rassemblement. (…) Là les attendait une énorme et pour eux révoltante désillusion qu'aucun n'a oubliée. Ils trouvaient, en effet, des sergents recruteurs, en l'occurrence de beaux officiers séduisants, debout devant des automitrailleuses toutes neuves (des spécimens assurément). On leur faisait l'article pour les deux armées, encore quelque peu antagonistes : l'armée Giraud et les Forces Françaises Libres. C'était tout bonnement écœurant pour de jeunes hommes qui avaient quitté la France, la rage au cœur, pour avoir la chance d'y revenir quoi qu'il leur en coûte, les armes à la main, aux côtés des libérateurs. Mais ce n'est pas tout : une fois l'engagement signé, ils s'apercevaient souvent que leur feuille de route les dirigeait vers un centre d'organisation, un dépôt, plus ou moins lointain, qui les éloignait, à leur sens, du débarquement en France tant espéré. Une seule solution : déserter et rejoindre par ses propres moyens les unités de pointe en formation. Ce qui est une manière plutôt cocasse de commencer sa vie militaire. (…) Tous les FFL ont connu ce carrefour terrible ou il fallait choisir librement à ses risques et périls, pour avoir l'honneur de servir. (…)

Après la victoire, (…) en l'absence de représentation et pour quelques autres raisons plus ou moins obscures, il ne fut pas question des Evadés de France.
Ils étaient classés, plus ou moins arbitrairement, dans l'une au l'autre des catégories d’anciens combattants ou de résistants. Or, aucune de ces catégories ne recouvre exactement ce qu'ils ont fait. Combattants volontaires, ils le sont, mais ils ont fait davantage. Evadés, mais contrairement aux évadés d'Allemagne, ils se sont évadés avant même d'être incarcérés et d'être soldats ; résistants, mais d'une manière tout à fait particulière, qui leur fut contestée jusqu'à une décision du Conseil d'Etat en 1951 ; internés, mais pas comme les autres. (…) Enfin, la plupart ne sont pas FFL parce qu'ils sont arrivés après le 31 juillet 1943, date avant laquelle ils se trouvaient dans les geôles de Franco.

Ce qu'il leur fallait, c'est un statut spécifique qui leur fut refusé catégoriquement jusqu'à ce jour, puisque même l'actuel gouvernement n'a pas voulu prendre en compte la demande qui lui a été présentée, après tant d'autres tentatives antérieures sous prétexte que cette forme de résistance, si elle était reconnue, diminuerait le prestige des autres formes de résistance, qualifiées de supérieures. Comme si parcourir mille cinq cents km, risquer sa vie dans les montagnes, être durement incarcérés et néanmoins se hâter vers les combats de pointe, appartenait à des formes négligeables des combats de la Libération.
(…) En 1960, deux Evadés de France décidèrent de fonder une nouvelle association représentative : l'Association Nationale des Anciens Combattants Français Evadés de France et Internés en Espagne (…) Il s'agissait pour cette association représentative des Evadés de France survivants de faire reconnaître peu à peu des titres qui jusqu'alors avaient été déniés par l'administration. (…) La Confédération comptait surtout des anciens combattants qui avaient occupé dans les armées des rangs modestes, mais qui s'étaient souvent comportés héroïquement. Les officiers supérieurs, les généraux, ceux aussi qui avaient conquis, grâce à leurs qualités ou leurs études un rang social élevé se tinrent en général à distance d'une association qui avait mis sa fierté à faire reconnaître la valeur des méconnus, des plus petits, parfois des plus pauvres. Ils nous ont bien manqué. Les ex-FFL soucieux de préserver la gloire légitime d'avoir été les premiers à suivre le général de Gaulle, malgré les pires difficultés, n'étaient pas disposés à trop de rapprochement avec les évadés. Il y eut aussi des anciens de l'armée d'Afrique à se démarquer des nouveaux venus, qualifiés souvent d'usurpateurs venus se nourrir en Afrique du Nord. C'est ainsi qu'un hebdomadaire, ciblé vers le monde combattant, osa publier un courrier, où l'on reprochait aux Evadés de France (ainsi qu'aux FFL d'ailleurs) d'avoir volé aux militaires chevronnés d'Afrique du Nord « leurs décorations et leur gloire » ! Quant à la Résistance intérieure, elle ne sentait pas grand chose de commun avec des gens qui, en quittant la France, n'avaient pas hésité à abandonner la Patrie en danger (sic). (…)

Cependant, un à un, beaucoup d'évadés obtinrent quelques privilèges qu'on ne manqua pas de leur jalouser. (…) Sur le long chemin, qui suivit la victoire de 1945, les Evadés de France se sentirent donc souvent bien seuls.
Quelques très beaux monuments, quelques grands congrès nationaux (au moins mille cinq cents participants) marquèrent même, par leur ampleur et leur dignité, que les Evadés de France avaient conscience d'avoir vécu une grande épopée, d'avoir été, comme l'écrit Robert Belot « les humbles soutiers de la Gloire ».

Aujourd’hui (…) Leur contribution à la victoire finale, compte tenu de leur petit nombre (vingt mille environ sous les drapeaux) n'est plus contesté ; leur rôle est généralement apprécié. Ils n'en demandent pas plus à l'heure où, comme tous les vétérans, ils pressentent qu'ils vont bientôt quitter la carrière, comme le chante l'hymne national.
Et quand ils se regardent dans leur miroir, tous les matins, ils sont fiers d'y voir des visages d'hommes libres. (…)

Père Maurice Cordier
Livres incontournables :
Robert Belot, Aux Frontières de la liberté, Vichy, Madrid, Alger, Londres, S'évader de France sous l'occupation, Fayard, Paris 1998, prix Philippe Vianney (1998)
Robert Belot, Paroles de Résistants, Berg international, Paris, 2001
***

Texte intégral dans la Revue de la France Libre mars 2006 n°19.
Suite dans la prochaine revue de Juin, avec pour sujet:
"l'importance historique de ce phénomène d'évasion de masse et une plongée dans l'esprit, dans l'âme, des évadés".

Frédérique

*** / ***

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