Ma réflexion sur le Carcano m'a été inspirée par les témoignages que j'avais recueillis auprès de vétérans du bataillon "Vestone" de la division alpine "Tridentina", engagée le 2 septembre 1942 dans les environs de Gorbatovsky sur le Don (pas très loin d'Isbucensky où le régiment "Savoia cavalleria" donnerait son ultime charge sabre au clair) afin de colmater les brèches ouvertes par une offensive en règle. Ce jour-là, tous les officiers du bataillon furent mis hors de combat et le bataillon fut "saigné à blanc", pour paraphraser Falkenhayn. Deux vétérans m'avaient raconté, en 1993, qu'ils avaient eu des difficultés terribles lors des combats rapprochés, notamment lors des opérations de nettoyage, à cause du mousqueton peu propice à ce type d'action. Les témoignages de vétérans sont toujours à prendre avec les précautions d'usage, mais ils m'indiquaient la présence en nombre important de pistolets mitrailleurs PPSH 41 (que les Italiens appelaient phonétiquement "pepescià")chez l'ennemi. A cette époque, en URSS, seuls les officiers du bataillon d'éclaireurs-skieurs "Monte Cervino" étaient équipés de Beretta MAB 38. Les fusils-mitrailleurs Breda de 6,5 mm représentaient les seules armes automatiques disponibles, en dehors des PPSH capturés. Les alpini ne jetèrent pas pour autant aux orties le Carcano (de 6,5 mm) et ce pour diverses raisons: primo, se faire engueuler, secondo, il était apprécié, comme vous le soulignez justement, pour sa précision mais moins pour sa puissance (calibre insuffisant). Ma remarque valait donc pour ce type de combat et non le duel à longue distance. |