La génération de Jean Lacouture, celles et ceux qui eurent 20 ans à la Libération, se posaient des questions sur le futur de la société française après l'effondrement, l'occupation et la collaboration des élites. Parmi leurs remises en cause plutôt légitimes figurait l'avenir des peuples de l'empire; ils avaient suivi avec enthousiasme et passion la carrière fulgurante de Leclerc dans ce même empire durant la guerre. Après la victoire, quand il s'embarque pour rejoindre le service de presse de Leclerc en Indochine où il travaillera à la revue de l'armée "Caravelle", le jeune journaliste qu'est alors Lacouture avait une image un peu faussée du patron de la 2e DB. Son besoin d'héroïsme et de justice sociale s'incarnait en ce général free french parfois au détriment d'une réalité politique et des pensées réelles de l'officier qu'il ne connaissait pas sur le terrain. Le futur biographe de De Gaulle et de Germaine Tillion est en partie responsable de la lecture historique "progressiste" de la mémoire de Leclerc en Indochine. Mais à sa décharge, comme le rappelle Jacques Augier, l'Indochine était un inextricable sac de nœuds !
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