A ce propos, Leclerc a remué ciel et terre pour ne plus dépendre du chef de la 1ère Armée, elle-même recevant ses ordres des Américains (Devers, si je ne me trompe pas). C'est confirmé par le biographe de De Lattre, Bernard Destremau.
Notin, lui, écrit que de Gaulle reçut juste avant Noël 1944 et en mains propres une lettre de Leclerc contenant de violentes récriminations à l'encontre de De Lattre. Un extrait : Il est un peu amer de constater, après les preuves données depuis 1940 de travail et de dévouement à votre service que vous interceptiez mes avis ou mes demandes contre des fantaisies dictées par l'intérêt personnel. Cet avis était d'ailleurs celui de tous mes chefs de corps et, je le sens parfaitement, de mes officiers et même de mes hommes. Je consens volontiers à disparaître, mais certainement pas dans le giron de De Lattre car cet homme profitera de tous les moyens et mettra tout en œuvre dans les délais les plus rapides pour démolir mon honneur militaire qui, grâce au ciel, est demeuré intact. Cet objectif est indispensable à son ambition, et je ne saurai m'y prêter.
De Gaulle qui va passer le réveillon de Noël au sein de la 2e DB répond à une lettre au ton plutôt âpre :
Tout ce qui est exagéré est inutile ! Et le chef du gouvernement provisoire refuse de suivre son bouillant fidéle sur ce terrain. Pour lui, politiquement, c'est l'amalgame qui doit primer sur toute autre considération, fut-ce au prix d'un concours de grimaces en raison des couleuvres avalées chez les vieux grognards free french, vétérans des ralliements et batailles d'Afrique qui cohabitent, oui, mais guère plus avec des officiers de l'armée d'Afrique vichyste qui, ainsi que Jean le rappelle justement, n'auraient peut-être pas hésité à les coller contre un mur une années auparavant !
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