Bonsoir,
Dès l'après-guerre, sous l'impulsion de Jean Monnet entre autres, les dirigeants des pays européens songent à se rassembler avec la volonté d'une intégration européenne à la fois économique et politique. Cet ambitieux projet avait comme vocation de s'affirmer comme troisième "grand" entre les Etats-Unis et l'Union soviétique.
La première réalisation concrète fut le CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) créée en 1950. Le succès de la CECA suscita le projet d'une défense européenne commune. Nous étions en pleine guerre froide et les rivalités entre le bloc américain et le bloc soviétique risquaient d'entraîner le monde dans un nouveau conflit sans que le Européens ne puissent s'interposer ou faire entendre leur voix. Le 27 mai 1952, le traité de Paris instituant la CED (Communauté Européenne de Défense) est adopté par la République Fédérale Allemande, l'Italie, les trois pays du Benelux et la France. Le traité est rapidement ratifié par la plupart des pays concernés... sauf par le parlement français qui, après deux années de tergiversations refuse la ratification du traité. C'était le 30 août 1954. La CED est morte et ne renaîtra plus de ses cendres.
On sait que le général de Gaulle s'est opposé à la création de la CED. J'ai retrouvé le texte de son réquisitoire dans "Mémoires" de Raymond Aron :
*** Pour qu'il y ait l'armée européenne, c'est-à-dire l'armée de l'Europe, il faut d'abord que l'Europe existe, en tant qu'entité politique, économique, financière, administrative et, par dessus tout, morale, que cette entité soit assez vivante, établie, reconnue pour obtenir le loyalisme congénital de ses sujets, pour avoir une politique qui lui soit propre et pour que, le cas échéant, des millions d'hommes veuillent mourir pour elle. Est-ce le cas? Pas un homme sérieux n'oserait répondre oui. ***
Je pèche sans doute par optimisme mais - connaissant les revirements du général de Gaulle et à la lecture de ce texte - rien ne dit que s'il avait été au pouvoir, De Gaulle n'aurait pas appuyé le traité en lui donnant l'impulsion souhaitée.
Bien cordialement,
Francis. |