Bonsoir Arcole, bonsoir à tous,
Il est surprenant et affligeant que ce "Moi national", selon Michel Winock, cette maladie incurable des adultes, terreau fertile pour le nationalisme, porte ouverte à la xénophobie, au racisme et à l'antisémitisme, soit inoculée aux enfants dès leur plus jeune âge.
On ne dispose que peu d'informations sur le sentiment antisémite des Français pendant les années noires. Un opinion publique indifférente pour les uns, préoccupée par des problèmes de ravitaillements, etc, etc.. pour les autres.
Des chiffres toutefois! Fin novembre 1942, après les rafles et les persécutions des Juifs, le gouvernement de Pétain, qui s'est constamment préoccupé de son "image de marque" s'inquiète des réactions de quelques rares évêques à la suite de la rafle du Vel' d'Hiv'. Vichy demande alors au CGQJ de réaliser une enquête dans toute la zone non occupée. Bien que ce sondage d'opinion fut réalisé selon la méthode Gallup, il faut le prendre avec les réserves d'usage. Néanmoins, il indique des orientations qui laissent pantois.
La question principale est d'une grande simplicité: "Aimez-vous les Juifs".
- La majorité des sondés - 51,5 % - répond "non",
- 12% répondent "oui",
- 36,5 % sont indifférents.
L'analyse des résultats indiquent de grandes différences selon les milieux socio-professionnels.
- Ainsi les étudiants sont à 81,40 % contre les Juifs,
- 7,40 % "pour",
- 11,10 sans opinion.
- A l'opposé, les ouvriers sont à 43,4 % "contre",
- 12,2 % pour,
- 44,2 sans opinion.
Une question subsidiaire indique que 51% des sondés approuvent les mesures antisémites prisent par le gouvernement contre 31% qui les condamnent et 18% qui sont indifférents ou refusent de répondre.
De quoi méditer!
Bien cordialement,
Francis.
Source des chiffres du sondage: Michèle Cointet, "L'Eglise sous Vichy". |