Mes souvenirs de lecture montrent des exemples de décisions individuelles parmi les soldats de la France Libre originaires des colonies, mais également des exemples d'engagements forcés. Je ne sais quelle conclusion générale en tirer. Un extrait du "Chemin le plus long" :
Volvey n’a pas digéré cette affaire, mais il a pour l’instant d’autres soucis plus urgents. Aucun autre char n’est visible. Le fossé de la route est inutilisable, balayé d’un bout à l’autre par le tir d’une mitrailleuse bien postée dans l’axe. En courant, ils arrivent à se jeter dans une ségouïa, un fossé d’irrigation à peu près à sec, à cette saison. Ils s’y sentent presque à l’abri, malgré les rafales de l’ennemi qui connaît le moindre repli du terrain. Ils ont cessé de ramper et courent en se baissant autant qu’ils peuvent, lorsque brusquement leur parvient un bruit de pas, puis de course, enfin une énorme galopade, comme un assaut désordonné.
Jourdier et Volvey prennent en main leur pistolet, le sergent Lacoste arme son mousqueton, chacun sentant que leur puissance de feu ne va pas peser lourd.
Les assaillants débouchent à l’extrémité de la segouïa : une horde de Sénégalais comme on dit, portant le casque français de 1939 (inconnu chez les Français Libres). Ils ont aperçu les trois hommes et se ruent dans leur direction en hurlant, le fusil brandi au-dessus de leur tête, comme pour une barbare fantasia. Que crient-ils ?
- Di Gaulle ! Di Gaulle !
La salve est évitée de justesse : c’est le premier ralliement, il est enthousiaste et massif.
Ils saluent fièrement. Aucun gradé parmi eux. Un spahi survient à point pour les conduire vers l’arrière en évitant d’autres malentendus. Volvey et Lacoste se regardent, bouleversés : ils ont les larmes aux yeux.
Amicalement
Jacques |