Bonjour Jacques
L'ouvrage de Etienne Schlumberger comporte deux parties. Dans la première (qui fait 80 pages), il raconte ses souvenirs de marin des FNFL, pourquoi il s'est engagé et à quelles actions il a participé.
La seconde partie est une réflexion de l'auteur et de son cousin sur la Marine française durant la guerre. Ils s'intéressent surtout au milieu des officiers, et aux amiraux qui en sont issus. Pourquoi ont-ils été d'une fidélité quasi-absolue à Pétain ? Les auteurs mettent en cause ce que j'appellerai un esprit de caste. En effet, les officiers passés par le moule de l'Ecole navale formaient un milieu fermé. Leur sentiment d'appartenir à une élite, leur dévotion aux valeurs d'honneur et de discipline, cela les a conduit à devenir un des piliers du nouveau régime (celui de Vichy).
Ils avaient le sentiment qu'une mission leur était confiée, remettre la France dans le "droit chemin", après les "errements" d'avant-guerre. Cela a mené au pire, à savoir Mers el-Kébir, les combats sans espoir lors de Torch, et enfin le lamentable sabordage de Toulon. Sans oublier la compromission extrême de certains amiraux, tels que Platon, de Laborde et Decoux.
En définitive un immense gâchis, surtout pour les milliers de marins qui ont été trompés par ces amiraux.
Un témoignage pour conclure, extrait de l'ouvrage de François Flohic que j'avais présenté. En février 44 les FNGB (ex. FNFL) arment plusieurs frégates cédées par la Navy, dont l'une est "La Découverte". Sur cette dernière, l'équipage est composé de marins Free French, mais aussi de marins provenant de la flotte des Antilles. Désarmée depuis l'armistice, cette flotte ne reprit le combat qu'à l'été 43, soit bien après le débarquement en Afrique du nord. Cela provoqua chez les marins des réaction de colère, voire même de révolte. Un certain nombre "déserta", dégoûté de leurs chefs qui les avaient maintenu dans une si longue inactivité. Voilà ce que raconta l'un de ces hommes à Flohic:
"J'ai bu du rhum et attrapé la vérole. Voilà ce que la Marine a fait de moi alors qu'il y avait bien d'autres choses à faire". page 189
Cordialement
Igor |