Désir sincère de comprendre, certes, ajouté à certain sensationnalisme (et je pense que Pierre Accoce et Pierre Quest sont tombés dans ce piège lorsqu'ils ont rédigé le très romanesque "La guerre a été gagnée en Suisse"), voire à des intentions politiques peu avouables - Paul Carell, en mettant l'accent sur la trahison pour justifier les désastres allemands sur le front de l'Est et en Méditerranée, vise à propager une version moderne de la légende du coup de poignard dans le dos. Notons en effet que pour Carell, ceux qui luttent contre Hitler ne sont pas des "résistants", mais des "traîtres". D'un autre côté, compte tenu des relations qu'entretient Wilhelm Von Schramm avec les survivants de la Schwarze Kapelle, on comprend qu'il ait peut-être eu intérêt à combattre le mythe de Werther, "l'homme qui lit derrière l'épaule du Führer et renseigne les Russes", selon l'expression de Schellenberg.
Gilles Perrault évoque également les Trois Rouges, par le biais d'une note de bas de page si mes souvenirs sont bons. Il croyait, me semble-t-il, à la thèse d'une taupe ou d'un réseau de taupes au GQG de Hitler, sans apporter de précisions. Il insinue en outre qu'Heinrich Müller, chef de la Gestapo, et Martin Bormann, chef de la Chancellerie du Parti, ont profité du Jeu de la Radio (Funkspiel) pour renseigner les Soviétiques et déposer une demande d'asile politique acceptée et entrée en vigueur en 1945. Hypothèse très séduisante dans le cas de Müller - le fait est qu'il n'a jamais été retrouvé -, et fausse dans le cas de Bormann (dont le cadavre a été retrouvé en 1972 et génétiquement identifié en 1998). |