Ambiance sous Pétain - La vérité sur l'affaire Pétain - forum "Livres de guerre"
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La vérité sur l'affaire Pétain / Henri Guillemin

 

Ambiance sous Pétain de Serge Desbois le jeudi 09 septembre 2004 à 10h25

Avant 1939 il n’y avait que 3 % de français possédant le baccalauréat * et encore ne s’agissait-il pour plus de la moitié d’entre eux que du Bac 1ère partie.
Le lot commun était le placement en apprentissage à l ‘âge de 13 ans que ce soit avec ou sans le Certificat d’Études que ne possédait pas la moitié des Français.

Et puis c’est l’exode et ce formidable brassage engendré par cette migration de millions de Français du Nord, Parisiens, Belges , Hollandais vers le sud de la Loire. Ce bouleversement suscite une grande émulation et nombreuses sont les familles qui, tout à coup, pensent à envoyer leurs enfants au Lycée ( à l’époque, Lycée d’état = à partir de la 6ème ; Collège = Collège catholique pour la plupart des villes de France).

“L’État Français” du maréchal Pétain se retrouve en fin 1940, avec un nombre inattendu de candidat aux études secondaires. Il crée un nouveau diplôme : “le Diplôme d’Études Primaires Préparatoires” sans lequel il n’est pas possible d’entrer en 6ème au Lycée d’état. Cet examen comporte une rédaction, une dictée et un problème d’arithmétique * et se passe dans l’année qui précède celle du “Certificat d’études”.

Les enseignants du Primaire reçoivent des directives des Maires qui, rappelons-le, ne sont pas élus mais nommés par “l’État Français”. La présentation à cet examen est à la convenance des maîtres surtout dans les petits villages. En effet l’instituteur décide si cette présentation est utile à partir du moment où il juge que les parents n’ont pas les moyens de mettre en pension leur enfant dans la grande ville. C’est le cas le plus fréquemment rencontré dans les petites communes et aussi dans des villes plus importantes. N’oublions pas que le niveau de vie moyen à l’époque est très bas. D’autre part , l’ambiance est au “ Retour à la terre ” où se trouve la richesse nourricière de la France selon la philosophie de cette période. “ La Terre ne ment pas ” a dit le maréchal. Il n’est donc pas opportun de distraire de leur ferme, les fils d’agriculteurs. Ainsi, sur ordre du Maire, à Villedieu-sur- Indre en Juin 1942, l’instituteur a décidé de présenter 4 élèves sur une cinquantaine dans sa classe : son fils, le fils du médecin du village, un fils de militaire de l’armée de l’armistice et un 4ème( ?).

Le jour de l’examen venu, le Maire de Villedieu (accompagné de l’instituteur), emmène dans sa camionnette les 4 candidats plus une dizaine “choisis” pour le “Certificat d’étude” qu’il va présenter comme tous les Maires des environs au centre du chef-lieu de canton. Ceux-ci suivent le déroulement des opérations de très près.

Pendant ces années singulières, l’empreinte du Maire s’exerce partout. Dans les villages au sud de la ligne de démarcation où il existe des éléments de l’armée de 1940, devenus “Armée d’Armistice”, tous les lundi matins à 8 h. les élèves des écoles sont rassemblés près des militaires pour la levée des couleurs et le salut au drapeau. Les enfants entonnent la Marseillaise et “ Maréchal nous voilà”. Puis tout le monde regagnent l’école en rang.

Cette époque difficile a endurci tous les individus et il semble que les enseignants recourent plus fréquemment à la punition corporelle. À l’école de Villedieu, un jour, l’instituteur a frappé un élève qui avait commis une erreur dans un opération arithmétique. Au lycée de Chateauroux, comme partout ailleurs, à l’entrée du cours, les élèves se tiennent debout près de leur table et ne s’assoient que lorsqu’ ils en ont reçu l’autorisation. Le prof d’allemand exige de ne plus entendre le moindre bruit avant de donner cette autorisation. Un jour un élève laisse tomber son cartable, il reçoit immédiatement une terrible gifle. Même chose avec le prof de gymnastique qui au début de la séance, avant tout exercice, exige que les élèves se tiennent au garde à vous, en rang, sans bouger. Malheur à celui qui ébauche un mouvement. Même chose avec le prof d’anglais qui passant derrière les élèves au cours d’une dictée, leur assène des coups, certes pas très appuyés mais des coups tout de même, avec la prothèse qu’il porte à un avant-bras. Le censeur aperçoit un élève qui traverse la cours d’honneur réservée aux professeurs, il se lance à sa poursuite et lui délivre un formidable coup de pieds.
Je ne dis pas que le régime du maréchal y est pour quelque chose mais après 1945, une fois la paix revenue je n’ai rien observé de tel ailleurs en particulier au lycée de Rennes. Autres temps, autres moeurs.

Tout au long des études jusqu’au bachot, il y a chaque année, élimination des élèves dont les notes sont au dessous de la moyenne et ce système se pérennisera après la guerre. Rappelons qu’ à l’époque le 1er baccalauréat est très sélectif : 42 à 48 % de reçus suivant les académies. Tous les reçus à la 1ère partie ne concourent pas l’année suivante pour la deuxième car nombreux sont ceux qui abandonnent les études à ce stade, il faut “gagner son pain”. Et l'année suivante, au baccalauréat complet, il n’ y a que 60 % de succès…Si bien qu’au total 20 % environ des élèves arrivés jusque en première décrocheront leur 2ème Bachot.

Dure époque surtout lorsque se surajoutent les bombardements, les rafles, les restrictions alimentaires, les tirs des miliciens qui passent en trombe en traction-avant, tirs dirigés vers les promeneurs l'été après le couvre-feu...

* En 1939, les générations en âge de passer le bachot étaient d’environ 650 000 par an (ceux qui étaient nés dans les années 20) et en 1939 il y a eu 19 000 reçus au bac sans qu’il soit spécifié s’il s’agissait de la 1ère ou 2ème partie. Donc 3 % de la population possédait le baccalauréat 1ère ou 2ème partie en 1939 (Pr. Chauvel, Science-Po).

* Problème d’arithmétique posé au DEPP au centre d’examen de Buzançais en juin 1942 : “ Un pierre est immergée dans un récipient préalablement empli d’eau à ras-bord. Il déborde 1 litre et demi d’eau. Sachant que la pierre a une densité de 1,5 quel est le pois de la pierre ?”. Le jeune adolescent qui ne résolvait pas ce problème, ne pouvait rentrer au lycée de Chateauroux l’année suivante.

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