Bonjour,
Comme la plupart des gens du spectacle, Sacha Guitry continua à animer la vie parisienne pour le plus grand plaisir des Parisiens et accessoirement de l'occupant allemand en mal de loisirs et... friand du "gai Paris". L'autorisation de réouverture des salles de spectacle supposait-elle quelques compromissions avec l'occupant?
En esprit dissipé, je n'ai retenu que les anecdotes et les "bons mots" de Guitry. Ainsi lorsqu'il est arrêté le 23 août 1944 à son domicile parisien, les hommes armés qui procèdent à son arrestation arguent de leur qualité de représentants du Comité de Libération. Réplique de Guitry: "C'est donc au nom du Comité de Libération que vous venez me priver de ma liberté". On ne lui laisse pas le temps de s'habiller et c'est en pyjama - veste à fleurs multicolores et pantalon jaune - chaussé de mules vertes et coiffé d'un panama que le "maître" est conduit à la mairie du 7e arrondissement. Le "Voulez-vous me remarier de force pour la cinquième fois?" ne manque pas de piquant en pareilles circonstances.
Alors qu'il était interné à Drancy, Guitry aurait proposé à un colonel FFI qui s'excusait de l'insuffisance et de la médiocrité des rations allouées aux prisonniers: "Puis-je me permettre de vous envoyer quelques colis?".
Ou encore, lorsqu'il apprend que sa première femme [l'actrice Charlotte Lysès] était également internée à Drancy, Guitry s'exclame "Ah! un malheur n'arrive jamais seul"!
Ces réparties, vraies ou fausses, colportés par la rumeur publique, font le tour de la capitale ... à la plus grande joie des Parisiens. Il est évident que le comédien ne cesse de se donner en représentation et tourne en dérision les exécutants de la politique de répression notamment lorsqu'il accorde des entretiens à la presse étrangère.
Bien cordialement,
Francis. |