Bonsoir,

*** Ce livre a aussi l'avantage de prendre à contre pieds la théorie de l'historien américain Martin Blumenson qui impute à la 2e DB l'échec des Américains à Argentan.*** précise Jacques dans la présentation.

Ce qu'en pense Eddy Florentin dans "Stalingrad en Normandie"!

Acte 1. Français et Américains ne sont pas faits pour s'entendre. Première escarmouche.

Le 12 août, la 2e DB de Leclerc ainsi que les 5e et 3e DB US occupent Alençon. L'objectif suivant est Argentan.
Leclerc à ses hommes: "Mes amis, sus à la RN 24 bis, par Ecouves et Ecouché" ordonne Leclerc tout en dégustant de successives tasses de lait. "Attention, le secteur où nous pourrons nous distribuer est étroit: huit kilomètres depuis la sortie Est d'Ecouché, jusqu'à la sortie Ouest d'Argentan". Les Américains se sont réservés les deux routes nationales, la route de La Lacelle à gauche, pour la 3e DB et la route Sées-Argentan pour la 5e DB. La 2e DB est coincée entre les deux. Leclerc lance à ses hommes "Surtout pas d'histoires avec eux [les Américains].

Leclerc connaît parfaitement le dispositif ennemi. La veille s'étant égaré, à la suite d'une erreur de son chauffeur, Leclerc est tombé nez à nez avec une voiture allemande. Le temps pour le lieutenant-colonel de Guillebon de dégainer son revolver et les occupants de la voiture se rendaient. Dans leurs poches, le dispositif allemand entre Alençon et la RN 24 bis. La 9e Panzer est à l'affût dans la forêt d'Ecouves. Il n'est pas question d'y pénétrer frontalement. Il est donc décidé de contourner le massif par le sud-est... ce qui rabat la 2e DB sur la droite, vers les itinéraires américains. Ensemble, Français et Américains entrent dans Sées.

Version du général Haislip, historien de la 5e DB:
"La Division Leclerc, dans une tentative de contourner la forêt d'Écouves, a fait mouvement vers Sées où elle a rencontré une unité de la 5e D.B.: ce qui cause quelque confusion. Le résultat se traduit par plusieurs heures de retard dans le réapprovisionnement en essence de nos chars et half-tracks"
Version du capitaine de Boissieu:
"Il n'y eut pas de mélange d'unités à Sées où ne rencontrons qu'un modeste détachement de reconnaissance de la 5e D.B. qui fera d'ailleurs route avec nous."

Ambiance!

Sur la grande place de Sées noire de monde, par une chaleur écrasante, officiers américains et officiers français, mêlés aux civils entre les chars, discutent véhémentement du partage des itinéraires. Leclerc intervient en personne.

- "Vous n'avez rien à faire ici!" lui crie le chef d'état-major de la 5e D.B.

- "Nous ne faisons que passer, jette, la lèvre supérieure crispée, le chef de 2e DB. Nous avons décidé de contourner la forêt d'Écouves" !

- "Argentan est notre affaire! Nos blindés ont besoin de la N.158 ! précise l'américain.

- "Notre affaire, nous, c'est Écouché, réplique Leclerc dont les yeux bleus lancent de ces éclairs capables de terroriser même ceux qui lui vouent la plus fidèle des affections. Laissez Billotte traverser la ville, le temps d'enfiler la N. 808 pour nous diriger sur la N. 24 bis.

Gentlemen's agreement conclu, Warabiot part pour Mortrée et Saint-Chris­tophe, Putz s'enfonce sous les hautes futaies qui mènent à Tanville.

Fin de l'acte 1. Suite au prochain numéro.

Bien cordialement,
Francis.