Bonjour,
Francis écrit, citant le père de Charles de Gaulle, qu'il se sentait "monarchiste de regret et républicain de raison"... comme pas mal de Français au début du XXe siècle.
Donc de Gaulle était de droite, mais il faut nuancer, car ce qui différencie le Connétable de ses collègues officiers, c'est sa capacité à pratiquer le "cross over" socio-culturel dès le début des années 30, cela pour exposer son concept des divisions cuirassées-blindées au personnel de la IIIe République et rallier à lui tous ceux qui partagent ses vues. Durant 10 ans, on verra ainsi de Gaulle fréquenter toutes sortes de salons - de la gauche modérée aux chrétiens lucides, des radicaux aux cercles maurrassiens- et donner des conférences devant des publics très divers. Atypique, il le fut, mais ^par la force des choses : il voulait convaincre, le temps était compté.
Comme l'affirme Jean Lacouture dans sa monumentale bio, de Gaulle apparaît déjà dans les années 3o comme un personnage hors catégorie dont le comportement et l'ouverture sociale préfigurent ce qui constituera la singularité de la France libre et de la France combattante : l'union dans l'urgence et le dénuement de tous ceux qui étaient mûs par la volonté de se battre contre le Reich et contre Pétain au sein d'un rassemblement improbable mais pourtant bien réel.
Le parcours idéologique passé de son chef éclaire la diversité idéologique, socio-professionnelle et culturelle de celles et ceux qui le rejoindront dès juin 1940.
(Entre un Félix Eboué et un Georges Rémy, il y avait un monde... mais aussi la France libre !)
Bien cordialement,
René Claude |