Bonsoir,
Le 18 novembre 1941, Weygand est rappelé de son poste de Délégué général du gouvernement en AFN. Les historiens ont toujours considéré que c'était sous la pression allemande. L'historien Jean-Paul Cointet (*) nous livre cependant une version beaucoup plus nuancée.
Weygand était suspect aux yeux des Allemands surtout depuis qu'il s'était violemment opposé aux Protocoles de Paris. Or, constate Cointet, il s'écoule cinq mois entre la signature des Protocoles (28 mai ) et l'éviction de Weygand. Durant ces cinq mois aucune demande officielle de renvoi n'émane des autorités allemandes. Abetz s'en étonne et demande des instructions à Berlin (télégramme du 28 octobre). Le Maréchal, précise Abetz, serait prêt à donner son accord de renvoi de Weygand - et ce dernier s'exécuterait - mais le Maréchal ignore si le gouvernement allemand juge le rappel indispensable. Berlin répond le 24 octobre que l'ambassadeur [Abetz] peut confirmer oralement à l'amiral Darlan que le général Weygand ne jouit plus de la confiance allemande.
D'une part, il était de notoriété publique que les relations entre Pétain et Weygand étaient tendues pour ne pas dire orageuses. D'autre part, on peut raisonnablement penser, à la lecture des télégrammes, que Darlan a multiplié les démarches tant auprès de Pétain que des autorités allemandes pour écarter Weygand en qui il voyait un dangereux rival.
Bien cordialement,
Francis.
(*) Il est utile de noter que cette appréciation, par Cointet, de l'éviction de Weygand est formulée de manière fortuite dans son ouvrage "La Légion Française des Combattants". En effet, la date du renvoi de Weygand coïncide avec la date de publication de la loi sur la nouvelle Légion. L'éviction de Weygand provoqua un vif émoi dans les milieux légionnaires. |