> page "perdue" est en fait deux pages publiées dans le
> livre de Philippe de Gaulle.
Le manuscrit (du moins les deux dernière pages) a, me semble-t-il, été publié bien des années avant sa mise en ligne. Michel Tauriac explique sur une page web que "nous publions en effet les trois feuillets de l'appel" : manquait effectivement le premier feuillet.
Le problème est qu'il existe d'autres versions de l'Appel : l'une émane d'une retranscription effectuée par le service d'écoutes des services secrets suisses (voir F. Delpla, "L'Appel du 18 juin", Grasset, 2000, p. 303-304), l'autre résulte de publications dans certains journaux français du lendemain qui ont bénéficié d'un communiqué "écrit" de la BBC. Le texte venu de Suisse souffre d'un défaut : traduit en allemand en 1940, puis traduit de l'allemand en 1990, on ne peut qu'y constater une atteinte au style littéraire gaullien. Mais l'on peut également considérer avoir affaire à une version fiable de l'Appel tel qu'il a été prononcé par De Gaulle : le texte correspondant au deux dernières pages du manuscrit s'y retrouve, et les textes parus dans les journaux français le corroborent, quoique parfois plus précis.
Quoique je n'aie pas sous les yeux la première page du manuscrit, on remarque que De Gaulle (pression anglaise aidant) se montre, le 18 juin, bien moins sévère avec le gouvernement Pétain que dans la version connue de l'Appel. Fustigeant dans la version classique les "chefs" périmés qui ont perdu la guerre devant la "force mécanique" des Allemands, et qui désormais ont choisi "la voie de la capitulation", il l'omet dans le texte véritable, déclamant que "le gouvernement français a demandé à l'ennemi à quelles conditions honorables pourrait cesser le combat. Il a déclaré en outre que la lutte devrait continuer si ces conditions étaient contraires à l'honneur, à la dignité et l'indépendance de la France." Tant que l'armistice n'est pas officiellement signé (même s'il est dans les esprits), le gouvernement est encore honorable : "so are they all, all honourable men".
Autrement dit, le 18 juin 1940 (pression anglaise aidant-bis), De Gaulle ne critique pas encore ouvertement le gouvernement Pétain, ce qui aboutit à un texte d'une logique curieuse, faisant presque du Général un représentant du Gouvernement français à Londres dans les premiers paragraphes, mais qui commence à acquérir son autonomie politique dans les derniers...
En vérité, De Gaulle ne se faisait aucune illusion sur la politique du Maréchal Pétain et aurait voulu s'attaquer au "gouvernement de rencontre" dès le 17 juin (ce que confirme sa première ébauche de l'Appel datée du même jour - reproduite in F. Delpla, op. cit., p. 34). Mais les Britanniques s'y sont visiblement opposés, pour toute une série de raisons, et De Gaulle n'a prononcé son discours que le lendemain, un discours soigneusement amputé de divers éléments susceptibles de vexer le Gouvernement de Bordeaux.
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