Quand Marc Ferro présentait l'excellente émission
Histoire parallèle sur la Sept/Arte, il reçut à plusieurs reprises son collègue François Kersaudy pour commenter des éléments dans les bandes des actus filmées.
On appréciait la pertinence et l'humour subtil de ce chercheur qui est devenu un spécialiste des rapports entre les chefs alliés durant la Seconde guerre mondiale. Ces qualités sont une nouvelle fois présentes dans cette étude passionnante d'une relation tumultueuse entre deux grands formats qui incarnaient deux visions du monde et de son Histoire.
Un extrait du 4e de couverture :
D'un côté, le président des Etats-Unis, Franklin Roosevelt, politicien brillant, retors et manipulateur, pour qui la France a cessé de compter depuis la grande débâcle de 1940...
De l'autre, le chef de la France libre, Charles de Gaulle, visionnaire, intransigeant, soupçonneux à l'extrême et animé d'un patriotisme exacerbé au service d'une France idéalisée.
Pour résumer un peu brutalement l'affaire, dès le début entre les deux chefs, ça ne colla pas, mais alors pas du tout ! Roosevelt avait été choqué par la débâcle de mai-juin 40. Pour lui, la France politique et militaire qu'il avait admirée depuis la Grande guerre n'existait plus. Ne subsistaient à ses yeux que de petits pouvoirs locaux avec lesquels il choisit de négocier, n'hésitant pas à se mettre à dos l'opinion publique des pays alliés contre le nazisme en flirtant avec une personnalité aussi compromise dans la Collaboration avec le Reich que Darlan et en misant sur le brav' général Giraud, solide guerrier mais piètre politicien obéissant à Pétain. Cette ligne générale qui visait à l'exclusion du Connétable frisa parfois le mépris pour la France combattante et conduisit Roosevelt jusqu'à la cécité politique en ce qui concernait les affaires présentes et à venir de la France. Il y avait quelque chose de passionnel, donc d'irrationnel, dans le comportement du président à l'égard de la France libre et de son créateur. Si François Kersaudy ne prétend pas faire œuvre de psychanalyste, il nous apporte quelques clés pour cerner l'attitude de Roosevelt.
L'historien a épluché les archives, étudié la correspondance des protagonistes et comparé les récits de témoins et de collaborateurs des deux alliés/adversaires pour nous proposer un livre qui est la synthèse de l'histoire d'une relation impossible.
Ecrit dans un style vivant ponctué de pointes d'humour rejouissant, cet essai est une réussite historienne en même temps qu'un réel plaisir de lecteur.
Bien cordialement,
René Claude
Sur "Canal Académie", le site L'Institut de France, qui regroupe les différentes Académies, un entretien avec François Kersaudy :