Kenneth Pendar, diplômé de l'université d'Harvard en 1930, travailla jusqu'en 1936, à New York, Londres et Pais, pour une importante société chargée de la recherche et de l'acquisition des objets d'art. Fixé à Paris en 1936, il y partagea son temps entre le bibliothèque de l'Institut Byzantin et l'Ecole pratique des Hautes Etudes, tout en poursuivant, chaque été, des fouilles archéologiques en Turquie. Ses recherches ayant été interrompues par la guerre, il regagna en 1940 les Etats-Unis et la bibliothèque de l'Université d'Harvard. En 1941, il se mit à la disposition de son gouvernement et fut nommé vice-consul extraordinaire en Afrique du Nord, sous les ordres du diplomate Robert Murphy.
Vice-consul au Maroc jusqu'au printemps 42, déplacé ensuite à Alger, Kenneth Pendar fut le témoin et l'acteur des évènements qui, de la préparation du débarquement américain en AFN - à laquelle il prit une part active - jusqu'à l'implantation de l'équipe du général de Gaulle à Alger, marquèrent l'un des tournants essentiels de la Seconde guerre mondiale.
De retour aux Etats-Unis en 1943, Pendar entreprend de consigner ses souvenirs et impressions sur cette période. Une première édition de son livre est publiée en 1945 sous le titre
"Adventure in diplomacy". Une seconde édition, revue et corrigée, paraît 22 ans plus tard. C'est cette dernière édition que nous proposons.
Le regard porté sur l' AFN par un vice-consul américain ne manque pas d'intérêt. Ajouté aux regards d'autres acteurs ou témoins tels Murphy, Kammerer, Ordioni, de Chantérac.... ils forment un faisceau de témoignages et autant de reflets d'une réalité complexe. Au lecteur de s'y retrouver dans cet incroyable imbroglio où s'affrontent mil et un personnages de toutes tendances et de toutes nationalités.
Rappelons aussi le sous-titre de la seconde édition du livre de Pendar :
"Le débarquement et de Gaulle vus par un diplomate américain". Il faut comprendre que sur l'échiquier Nord-Africain le diplomate est viscéralement anti-gaulliste... trop souvent jusqu'à l'outrance. En quatrième page de couverture, l'auteur précise:
"En relisant mon livre vieux de vingt-deux ans, je vois que je n'y avais pas surestimé le danger que représentait de Gaulle. En fait, pour une part, ce livre semble aujourd'hui avoir un accent prophétique. Ce que j'avais surestimé, hélas! c'était ce que mon pays était capable de faire pour conjurer ce danger."
Le ton est donné!
Francis Deleu.