Arrêté par les Allemands, Rudolf Vrba, parce que Juif, est déporté à Auschwitz en 1942.
En 1963, Vrba, qui a séjourné près de deux ans dans l'enfer du camp d'extermination, décide de témoigner en publiant une "chronique méticuleuse de la vie quotidienne au coeur de cet enfer, avec l'espoir insensé de s'échapper pour pouvoir témoigner, et faire cesser le massacre".
En avant propos de l'édition française :
L'édition originale de Je me suis évadé d'Auschwitz a été publiée en 1963 en Angleterre par Sidgwick et Jackson, sous le titre
I Cannot Forgive. Grove Press Inc. (New York) en a fait paraître une nouvelle édition en 1986 sous le titre
Escape from Auschwitz (I Cannot Forgive). La traduction en français a été réalisée à partir de ces deux éditions. Elle serre au plus près la version anglaise, et ce pour être fidèle au ton du récit fait par Rudolf Vrba (prononcer Verba) au journaliste anglais Alan Bestic.
Dans cet esprit et avec l'accord de Rudolf Vrba, le titre Je me suis évadé d'Auschwitz a été retenu pour l'édition française. Le livre est, en effet, écrit à la première personne du singulier.
Toujours en accord avec Rudolf Vrba, les deux annexes des éditions anglaises ont été supprimées; Annexe 1, la déposition faite par le docteur Vrba à l'ambassade d'Israël de Londres le 16 juillet 1961 pour être lue au procès d'Adolf Eichmann à Tel-Aviv; Annexe 2, l'extrait du Rapport sur le camp d'extermination de Belzec rédigé par le capitaine SS Kurt Gerstein. Elles ont été remplacées par le Rapport rédigé après leur évasion d'Auschwitz en avril 1944 par Rudolf Vrba et Franz Wetzler, rapport jamais publié en France, qui figura parmi les pièces d'accusation au procès des criminels de guerre nazis de Nuremberg . Les traductrices, Jenny Plocki et Lily Slyper qui, avant même l'accord d'un éditeur, avaient pris l'initiative de traduire le livre de Vrba et sont quelque peu responsables de sa parution ont, en septembre 1986, rencontré l'auteur à Paris. D'un commun accord quelques notes ont été ajoutées. Elles sont clairement signalées. Mais l'ensemble du texte est conforme à la première version anglaise.
Un mot encore: rencontrer un personnage légendaire comme Rudolf Vrba est émouvant. Un héros - si l'on ose encore employer ce mot tant galvaudé, ce n'est pas si fréquent. Soixante-deux ans, père et même grand-père, grand - environ un mètre quatre-vingt -, droit, élégant, souriant, affable, il semblait surtout préoccupé en septembre à Paris par la rentrée universitaire à Vancouver où il enseigne. Un homme normal, un héros en civil. Venu apprendre à Paris le français puisqu'il va être publié en français (sa septième langue).
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Le 14 avril 1944, Rudolf Vrba et son ami Fred Wetzler parviennent à s'enfuir, et le 25 avril, ils remettent leur "Rapport sur les camps de concentration d'Auschwitz, Birkenau et Maïdanek". Celui-ci est immédiatement transmis au chef de la communauté juive de Hongrie. En vain : quatre-cent mille juifs hongrois seront assassinés. (4ème de couverture)
Ce rapport détaillé sur les atrocités commises dans les camps de la mort suscitera encore l'incrédulité des responsables de la communauté juive hongroise avant d'être transmis au Pape, à Roosevelt, à Churchill ...
Francis Deleu