Bonjour à tous et bonne année !
Je suis en train de lire cette étude concise de J.-P. Cointet et j'en apprécie la clarté.
A propos des années 38-39, l'auteur écrit :
"Les années trente sont pour la France l'histoire d'une crise profonde et multiforme qui touche tous les secteurs de la vie du pays : l'économique, le social, le politique, l'intellectuel. (note perso : on a envie d'ajouter à cette liste : le militaire.) La conduite de la politique étrangère comme la définition d'une politique de défense ne peuvent pas ne pas en être affectées.
L'opinion, éclatée, désabusée, incertaine - en dépit d'un certain ressaisissement final - ne fournit pas d'orientation claire pour des gouvernements qui semblent redouter tout autant sa mobilisation que son inertie : celle-ci expose le pays, mais celle-là devrait être conjuguée avec la mise en œuvre de mesures énergiques dont on craint qu'elles ne précipitent une guerre dont. précisément, on ne veut pas. Car tel est bien le fond de l'affaire : ni l'opinion ni les gouvernements n'ont osé regarder en face l'hypothèse d'une guerre acceptée parce que inévitable. De là une GESTION DE LA CAPITULATION (je souligne) permanente à partir de 1938, revêtue, selon les orientations de ses promoteurs, tantôt du masque de l'inévitable compromis final avec l'adversaire, tantôt celui de l'indispensable mais longue préparation matérielle et morale à l'épreuve fatale. Entre la guerre voulue et la guerre subie, il n'y a jamais eu de place pour la guerre acceptée car regardée en face. La défaite et l'armistice ne seront que la rançon de cette guerre subie, c'est-à-dire mal préparée. Le vote du 10 juillet 1940 ne fera que tirer la sanction de la défaite, dont le régime de Vichy fera le fondement moral de sa légimité." (p. 54 : "Prélude à une défaite 1938-1939")
Je trouve ce résumé très pertinent et je me réjouis de découvrir le 2e volet des recherches sur Vichy que Jean-Paul Cointet poursuit et prolonge dans l'essai récent qu'il a consacré à "Sigmaringen".
Bien cordialement,
RC |