Bonjour, Jacques, et puisque je viens de jeter des fleurs à Francis, j'en profite pour te remercier aussi pour l'interface agréable de ce forum. Pas de jaloux
« Vichy a sauvé des juifs » est une façon provocatrice de dire les choses, provocatrice, et qui peut paraître scandaleuse, parce que Vichy a aussi accepté de livrer d'autres juifs qui ont été ensuite dirigés vers les camps d'extermination.
Ceci étant, c'est le boulot des historiens de regarder de près comment les choses se sont passées, et si on s'intéresse à la collaboration, de mettre à jour ses mécanismes. Qu'en gros les Juifs étrangers seuls aient été concernés par les rafles de la police française est une vérité qu'il n'y a pas lieu de cacher, et pourtant, l'immense majorité des gens que j'ai pu consulter quand je m'intéressais à ça, typiquement des collègues de travail à une table de cantine, des étudiants amis de mes enfants, ignoraient ce « détail », détail que mes collègues de travail ont appris par moi, mais que tous les fdesouche viennent d'apprendre par Zemmour.
Alain Michel a eu tort de de sous-titrer son livre « Enquête sur le paradoxe français », car s'il y a bien lieu de faire une enquête ouverte, la cas français n'est pas paradoxal : presque tous les états alliés ou vassaux de l'Allemagne étaient plus ou moins antisémites, mais ils ont tous plus ou moins protégé leurs nationaux, y compris juifs. Dans la nature même de Vichy résidait l'idée – illusoire aux yeux de de Gaulle – d'un maintien de la souveraineté française, et, dans cette optique-là, la protection des juifs français allait de soi. C'est tout le sujet du livre d'Alain Michel, traité par le mépris par tous les courageux qui ne veulent pas « faire le jeu de l'extrême-droite et des nostalgiques de Vichy ».
Est-ce que ceux qui se sont couchés devant les vainqueurs allemands s'en sont mieux sortis que les autres ? C'était le pari de Laval. S'ils abordent cette question, les historiens n'ont pas le droit d'y répondre par le dogme.
Emmanuel |