Que Cordier éprouve de la rancune, c'est probable ? Qui n'en éprouverait pas après avoir constaté les dissensions de la Résistance qui ont conduit probablement à la mort de son chef et de bien d'autres.
Pour que cette rancune (que je n'ai pas constatée) se focalise sur un Aubrac ou deux, encore faudrait-il qu'un rôle personnel dans les indiscrétions qui ont conduit au coup de filet de Caluire leur soit attribué par ledit Cordier. Ce que ne disent ni Chauvy, qui dit n'importe quoi, ni Vergès, qui dit que Lucie a téléphoné à midi à Barbie le rendez-vous de Caluire. A ce degré on ne peut plus parler de dissension !
Non, Cordier ne leur attribue aucune faute ayant pu conduire Barbie chez Dujoujon. En revanche, sa rancune moisie se focalise sur l'après-Caluire et les visites de Lucie à la Gestapo. Il est persuadé qu'elle a passé là un marché pas clair et, pire, il en a persuadé la fine équipe de la "table ronde".
Il y a aussi le problème des souvenirs et de l’histoire de la Résistance. Là, je ne suis pas d’accord avec le récit qu’il en faisait avec sa femme.
Dire cela le jour de la mort de Raymond ! et sans précision aucune ! si tu veux un exemple de peau de banane entre résistants, pas la peine de chercher plus loin.
Cf. mon mémoire d'habilitation
. La scène se passe au printemps 1997 :
J’apprends que Daniel Cordier, qui met autant de mollesse cette fois-ci dans l’assistance à des camarades résistants qu’il avait mis d’énergie à défendre Jean Moulin, se vante de posséder une archive prouvant que Lucie a omis, dans le récit de ses rapports avec Klaus Barbie, un point important. Je dis à mon informateur intrigué qu’il n’a qu’à lui demander de la produire, son archive, et elle se transforme… en un bruit qui courait à la Libération ! Il me semble que la mollesse dont vont faire preuve à leur tour un certain nombre d’universitaires doit beaucoup à une crainte révérencielle devant les dossiers de Cordier.