La question « En France, qui savait quoi ? » n'est pas aussi simple qu'il y parait
Alain Michel, p.238: « Mais tout d'abord une remarque générale importante: sur le sujet de la connaissance de la Shoah, on confond en général l'information et la compréhension de l'information qui sont deux choses différentes ... Même si l'information commence à circuler, cela ne veut pas dire qu'elle est assimilée et décryptée. Ce qui est valable pour l'homme de la rue, et même pour les victimes, est valable également, au moins partiellement pour les dirigeants... »
Alain Michel cite ensuite Peschanski (Que savait Vichy ? 1987)
« On voit dans la politique de Laval comme un condensé de la politique qu'il a tenté de mettre en œuvre. Gardant toujours en tête le projet d'une grande négociation franco-allemande, il a disposé d'un atout supplémentaire en donnant en gage ceux dont au bout du compte, il voulait se débarrasser. Au prix d'un massacre ? Ce n'était sans doute pas clair dans son esprit les premiers mois: après, ce fut secondaire, et il était pris dans l'engrenage. »
Sur ce point, Michel reprend le point de vue exprimé par Asher Cohen (Persécutions et sauvetages, 1993, p.316), après avoir traité les déportations de l'été 1942.
« Avant de reprendre le fil des évènements ... demandons-nous ce que savaient les gens, surtout les Juifs, de la Solutions finale et des réalités de la politique antijuive allemande exécutée en même temps en Pologne. En d'autres termes, que savait-on de ce qui était advenu aux déportés de France et de ce qui attendait les suivants ? En fait, la question se dédouble: Quelle information était accessible en France ? et qu'en avait-on compris ? Sur la première question, nous en savons plus, mais c'est la seconde qui est vitale. Car ce n'est qu'après avoir analysé l'appréhension des évènements qu'on saura apprécier et comprendre les actions des uns et des autres en face d'une situation toute nouvelle... »
Emmanuel |