Bonsoir,
Merci pour ces précisions.
Quitte à faire double-emploi, apportons encore quelques éléments d'appréciation en nous référant à l'ouvrage de Benoist-Méchin, "
Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident ".
Benoist-Méchin reconstitue les dialogues à distance entre le général de Gaulle et Maxime Weygand en se référant successivement aux "
Mémoires de guerre " de l'un et "
En lisant les Mémoires du général de Gaulle " de l'autre.
En date du
8 juin 1940, le remplacement de Weygand par Huntziger est envisagé une première fois.
Avant de partir pour l'Angleterre, de Gaulle se rend au GQG de Weygand, au château de Montry. Il tient, en effet, à se présenter à Weygand, en sa qualité de nouveau sous-secrétaire d'Etat à la guerre.
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Relation de l'entretien par de Gaulle dans ses Mémoires (de Gaulle [CG] et Weygand [MW]
[MW] Vous le voyez, je ne m'étais pas trompé quand je vous ai dit que les Allemands n'allaient pas tarder à attaquer sur la Somme ! Ils ont attaqué, en effet. Ils ont passé la rivière. Je ne puis les empêcher.
[CG] Soit ! Ils ont passé la Somme. Et après ?
[MW] Après ? Ce sera la Seine et la Marne ...
[CG] Oui. Et après ?
[MW] Après ? Mais ce sera fini !
[CG] Comment ? Fini ? Et le monde ? Et l'Empire ?
Weygand, écrit de Gaulle, éclata d'un rire désespéré.
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Réponse de Weygand relaté dans son livre "En lisant les Mémoires du général de Gaulle" :
Si mon rire a paru désespéré, c'était de ne pas pouvoir ramener aux exigences de l'heure, un homme qui s'en détachait en parlant d'autre chose.
- Un peu plus tard, dans ses "Mémoires", de Gaulle explique :
Pour faire tête au malheur, il eût fallu qu'il se renouvelât; qu'il arrachât sa stratégie au cadre étroit de la métropole; qu'il retournât l'arme de la mort contre l'ennemi qui l'avait lancée, et mît dans son jeu l'atout des grands espaces, des grandes ressources et des grandes vitesses en y englobant les territoires lointains, les alliances et les mers.
- A quoi Weygand répond dans " En lisant les Mémoires du général de Gaulle ":
Ce langage déclamatoire ne doit pas faire illusion. Il ne peut séduire par une fausse grandeur que si on perd de vue les réalités avec lesquelles le Commandant en chef se trouve aux prises, celle de la bataille. C'est un programme très vague d'avenir à longue échéance; il ne répond à rien d'actuel, à rien de concret.
De retour à Paris, le général de Gaulle adjure Paul Reynaud de retirer son commandement à Weygand, sous prétexte " qu'il a renoncé à vaincre ".
"
C'est impossible pour le moment, aurait répondu Reynaud.
Mais nous devons songer à la suite. Qu'en pensez-vous ? "
De Gaulle : "
En fait de suite, je ne vois maintenant qu'Huntziger. Bien qu'il n'ait pas tout pour lui, il est capable, à mon avis, de s'élever jusqu'au plan d'une stratégie mondiale "
Reynaud accepta cette suggestion de principe, sans vouloir, toutefois, la mettre immédiatement en exécution.
Quelques jours plus tard, le 11 juin, il sera plus longuement question du remplacement de Weygand par Huntziger ainsi que du réduit breton. (
A suivre)
Bien cordialement,
Francis.