Bien sûr, mais... - Les Lieux Secrets de la Résistance. Lyon, 1940-1944 - forum "Livres de guerre"
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Les Lieux Secrets de la Résistance. Lyon, 1940-1944 / Serge Curvat, Denise Lallich, Chantal Odet, François Guillin, Henri Hours

En réponse à -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Pourquoi...? de René CLAUDE

Bien sûr, mais... de Nicolas Bernard le jeudi 06 octobre 2011 à 19h48

Pourquoi le dossier Aubry ne semble-t-il pas intégralement consultable ? Pas la moindre idée (sincèrement). Il faudrait que je me re-penche sur les évolutions de la législation relative aux archives. En tous les cas, croyez que je déplore ces restrictions d'accès.

Par ailleurs, je vous rejoins tout à fait sur la nécessaire prudence à adopter devant tout témoignage et tout document (qu'ils émanent ou non d'une puissance totalitaire). Comme vous le faites remarquer, au-delà du souci des auteurs de rapports de se faire mousser, ou au contraire de camoufler leurs responsabilités, "ils ne sont pas exempts d'approximations et même d'erreurs, volontaires ou non: dates, patronymes, etc."

Cela dit, je ne vois pas pourquoi Barbie - dont un rapport, probablement du 21 ou du 22 juin 1943, a manifestement inspiré le rapport Kaltenbrunner du 29 juin 1943 - mentirait à ses supérieurs en dévoilant l'identité de l'individu lui ayant donné accès à la réunion de Caluire, à savoir René Hardy.

Supposons en effet un instant que Hardy ne soit pas le traître de l'affaire (mort de rire), et que son évasion du 21 juin 1943 ne soit pas bidonnée (re-mort de rire), bref que René Hardy soit effectivement le super-Résistant que ses zélateurs décrivent. Pourquoi diable Barbie irait-il prétendre à ses supérieurs de Paris que ce diable d'homme travaillerait en fait pour lui ? Il court en effet un risque inadmissible : à supposer, en effet, qu'un collègue de Barbie (du genre Werth ou Dunker ou Dohse, précisément) mette la main sur Hardy, le pot aux roses est découvert, et Barbie promis à passer un mauvais quart d'heure, avec mutation à la clé sur le Front de l'Est ou en Yougoslavie.

Soyons sérieux. Si le rapport Kaltenbrunner, s'inspirant manifestement d'un rapport inconnu de Barbie, inscrit noir sur blanc que René Hardy a livré la réunion, il n'y a pas à en douter : René Hardy a livré la réunion. De cela, les nazis étaient convaincus, comme l'atteste le rapport (dit "Flora") de Dunker rédigé un mois plus tard.

Dunker commet des erreurs, effectivement, et cherche à se mettre en avant, mais relisez sa phrase (p. 30-31 de la version française) : "Multon a ainsi rendu possible l'arrestation, dans le train de Paris, et la remise à la Section de Lyon, de DIDOT [René Hardy], Chef national de la section Sabotage du M.U.R. qui, utilisé par la suite comme contre-agent par la Section de Lyon, a fait arrêter le 25 juin 1943 [sic : le 21 juin 1943] au cours d'une réunion à Lyon MOULIN Jean (alias MAX, alias REGIS), Délégué personnel de De Gaulle, Président du Comité directeur du M.U.R., ainsi que 5 chefs du M.U.R." Il en ressort que là où le gestapiste de Marseille se met en valeur, c'est lorsqu'il rappelle que l'arrestation de Hardy, qui mènera à celle de Moulin, découle de celle de Multon, dont il est responsable. Bref, un bon mois après la rafle de Caluire, Dunker est si convaincu que cette dernière est imputable au retournement de René Hardy qu'il s'y associe pleinement en insistant lourdement sur son propre rôle dans l'arrestation de Multon...

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