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Histomag 39-45 / Forum LE MONDE EN GUERRE

En réponse à -4 -3 -2
-1Speidel non fiable de françois delpla

A qui se fier ? de Francis Deleu le lundi 15 décembre 2008 à 14h43

Bonjour,
En 1951, Speidel écrit un livre militant ...
Je te crois volontiers ! Mais à qui donc se fier ? Tous les ouvrages consultés se réfèrent à Speidel.... avec toutefois des nuances. "L'affaire du V-1" est relatée par les uns, ignorée par les autres. Faisons oeuvre utile et reproduisons les écrits les plus pertinents.

Commençons par Eddy Bauer, "La Dernière Guerre" (Tome 8). L'historien militaire se réfère à deux ouvrages :
- Hans Speidel, Invasion 1944; le destin de Rommel et du Reich, Editions Berger-Levrault, 1950.
- Erwin Rommel, La Guerre sans haine, carnets présentés par Liddell Hart - II. Les années de défaire, Paris, Amiot-Dumont, 1953.

Eddy Bauer, colonel de l'armée suisse, relate le voyage de Hitler à Margival sous l'angle stratégique :
Hitler convoque à Soissons von Rundstedt et Rommel ...

La situation, dans ces conditions, ne pouvait que s'aggraver de jour en jour. Aussi Hitler convoqua-t-il les maréchaux von Rundstedt et Rommel au P.C. sous le rocher qu'il avait fait aménager en 1940 à Margival, au nord de Soissons, pour y suivre plus commodément l'opération Seelöwe qui devait donner l'Angleterre à la Wehrmacht. Selon le récit du lieutenant-général Speidel, « Hitler était arrivé avec le colonel-général Jodl et son entourage immédiat au début de la matinée du 17 juin. Il était en automobile blindée et était parti de Metz qu'il avait atteint depuis Berchtesgaden par la voie des airs. Il avait l'air blême et fatigué par l'insomnie. Nerveux, ses doigts jouaient avec ses lunettes et avec des crayons de toutes couleurs. Seul il était assis, courbé sur un tabouret, les maréchaux se tenaient debout. Sa force de suggestion antérieure paraissait évanouie.
« Après quelques mots de salutation brefs et glacés, Hitler, d'une voix plus haute et amère, exprima sa désapprobation au sujet du succès du débarquement allié, et rechercha les fautes des commandements locaux. Il prescrivit de tenir à tout prix la forteresse Cherbourg. » Rommel, auquel von Rundstedt laissait la parole, blanchit ses subordonnés des griefs qu'on leur faisait. Mais, quand on laissa le passé pour aborder l'avenir, l'opposition des points de vue s'accusa encore davantage entre les deux maréchaux et leur intarissable interlocuteur.

... refuse d'utiliser les « V1 » contre les ports anglais...

Somme toute, ce dernier affirmait sa conviction que l'intervention des bombes volantes V 1 allait ramener la victoire sous les drapeaux du Troisième Reich, à condition, toutefois, qu'on les concentrât sur Londres, alors que, très logiquement, il lui était suggéré de les utiliser contre les ports d'où s'embarquaient les renforts destinés par l'ennemi au front de Normandie.
Hitler ne contestait pas la carence de la Luftwaffe, mais, assurait-il, dans un très proche avenir, la montée en ligne des chasseurs à réaction allait priver l'aviation anglo-américaine de la suprématie qu'elle s'était arrogée, ce qui permettrait aux forces terrestres de la Wehrmacht de reprendre l'initiative.

... et s'oppose au plan qui lui est soumis

Mais surtout, avec l'acquiescement de von Rundstedt, Rommel, repoussant définitivement l'hypothèse d'un second débarquement au nord de la Seine, réclamait une pleine et entière liberté d'action, car il fallait s'attendre à ce que l'ennemi fît « irruption depuis les zones de Caen et de Bayeux, ainsi que de la presqu'île du Cotentin, vers le sud, en direction de Paris, avec une opération accessoire par Avranches pour isoler la Bretagne » Pour déjouer cette menace, il convenait de faire agir les divisions d'infanterie dans le secteur de l'Orne, puis, ajoutait-il, selon une note prise par son aide de camp, « nous accomplirons une retraite limitée vers le sud, afin de lancer une attaque de blindés sur le flanc de la progression ennemie et de livrer bataille hors de la portée de l'artillerie navale adverse ».
A ce programme Hitler opposa un veto absolu: résistance sur place, pas un pas en arrière.
Que ce système de défense ait voué à la catastrophe les armées allemandes en Normandie, l'événement l'a prouvé. Mais que le plan préconisé par Rommel eût été encore praticable dans l’état de délabrement où elles se trouvaient, et en présence de l’énorme supériorité aérienne des Anglo-Américains, c’est pour le moins douteux, pour ne pas dire davantage.
Pas de traces d'un malencontreux V-1 dérouté pour effrayer le führer.

Au prochain numéro - tant que nous y sommes - la relation de William Shirer.

Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

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