Aux considérations développées sur ce fil par M. Delpla, j'ajouterai que la vision d'une Histoire inféodée au "résistantialisme" relève de la légende. La réalité est, comme toujours, bien plus complexe, et c'est faire fi de la documentation accessible et des travaux d'historiens que de condamner au pilon les anciens ouvrages parus sur la question. Je vous renvoie à Laurent Douzou, La Résistance française : une histoire périlleuse, Seuil, coll. Points-Histoire, 2005.
A titre personnel, et entre autres activités et lectures, je suis en train de relire les ouvrages du regretté Henri Michel, et je considère comme injurieux d'enterrer une nouvelle fois ce grand historien sous couvert de lutter contre une "mémoire" prétendument totalitaire.
Dernière chose. Vous écrivez qu'"il faut aller aux archives, y retourner sans cesse; ce n'est qu'ainsi que les chercheurs sérieux établiront les faits". Faux : c'est en sachant lire et interpréter les archives que les historiens sérieux établiront les faits. Comme l'écrivait feu Pierre Vidal-Naquet, "il ne suffit pas d'avoir lu des livres ou découvert des archives inédites, encore faut-il savoir ce que valent ces documents inédits" (cité dans Jean-Marc Berlière & Franck Liaigre, Liquider les traîtres. La face cachée du PCF 1941-1943, Robert Laffont, 2007, p. 12).
Je viens d'achever le bouquin cité en référence. A première vue, du très bon travail, mais les deux historiens s'égarent parfois dans de douteuses observations sur le pseudo-résistantialisme qui ferait rien que mugir dans nos campagnes. A trop vouloir mépriser le témoignage pour sacraliser l'archive, on en oublie que le premier reste malgré tout une source d'informations qui, interprété selon la méthodologie historienne, s'avère susceptible de compléter les failles documentaires. Certains historiens se sont totalement fourvoyés dans une telle dérive, et notamment le très arrogant et très surestimé Jean-Claude Pressac, feu auteur des Crématoires d'Auschwitz, édité par le C.N.R.S. en 1993 et réédité cette année. |