> Quid de l'attitude du Vatican envers le clergé
> catholique croate à propos du massacre des juifs dans ce
> pays ?
C'est détaillé par Blet in Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican, Perrin, 1997, p. 203-206 (pour un point de vue favorable au Pape), et par Carlo Falconi, Le silence de Pie XII, Editions du Rocher, 1965 (plus critique), et finement analysé par Michael Phayer dans L'Eglise et les nazis, Liana Lévi, 2001.
En substance, ni Pie XII, ni Stepinac, primat de Yougoslavie et archevêque de Zagreb, n'ont autorisé/souscrit/couvert les persécutions/déportations/massacres commis par les Oustachi croates. Mieux, ils ont même protesté. Le 24 octobre 1942, alors que la chute de Stalingrad était imminente et qu'El Alamein était inconnue du monde entier, Stepinac y est même allé très fort, prononçant un violent réquisitoire public contre la politique de persécution du régime d'Ante Pavelic.
Le Saint-Siège et l'Eglise croate avaient certes soutenu ce gouvernement, sans sombrer non plus dans l'adoration pure. On lit souvent que le sanguinaire Pavelic s'est rendu à Rome, mais les adversaires de Pie XII oublient d'ajouter qu'il s'est vu refuser l'audience diplomatique qu'il désirait : il n'en a pas moins réussi à rencontrer le Pape au cours d'une audience privée, le 18 mai 1941. A l'époque, Pavelic était connu comme terroriste, mais n'avait pas encore entamé sa carrière de boucher génocidaire.
La politique du Vatican vis-à-vis de la Croatie est passée de la naïveté au réveil brutal. Lorsque le catholique Pavelic instaurait un Etat indépendant en Croatie, tout allait globalement bien - mais pas au point de rencontrer ledit Pavelic en audience diplomatique publique, guerre oblige. Mais lorsque le nouveau régime sombrait dans le racisme, l'intolérance religieuse et le massacre, il n'était plus question de le soutenir, et le Saint-Siège rappela Zagreb à l'ordre. Sans grande efficacité, au demeurant, car Pavelic s'estimait n'avoir de comptes à rendre qu'aux Allemands. |