Je ne pense pas qu'on puisse poser ces questions de façon tranchée : untel a-t-il sauvé des Juifs ou pas ? Car il ne faut pas voir les cadres de la Solution finale en bourreaux assoiffés de sang, mais en instruments d'une politique globale dont la valeur suprême reste le salut de l'Allemagne et la meilleure sortie de guerre possible pour elle.
Même au moment où la Solution finale bat son plein, elle ne sert pas que le strict objectif de tuer des êtres humains, elle s'inscrit dans un plan plus vaste. Ex : visite de Heydrich à Paris en mai 42, pas seulement pour enrôler Laval et Bousquet dans de vastes rafles, mais aussi pour assurer, par cette compromission même, l'emprise de Hitler sur Pétain. A cette date Berlin fait encore semblant de ne s'en prendre qu'aux Juifs étrangers, il fait donc mine de s'adapter à la Révolution nationale et à son oeuvre de "purification", il donne aux dirigeants de Vichy l'impression d'être utiles à leurs compatriotes, ou au moins de pouvoir se justifier ainsi, etc. etc.
Plus on va vers la fin de la guerre, plus la manipulation prend de place, et l'instrumentalisation soit du meurtre, pour compromettre ou terroriser, soit de la renonciation à celui-ci pour faire croire aux aides, séides, complices et collaborateurs de toutes nuances qu'ils "sauvent" quelque chose. Le meilleur exemple est évidemment la manoeuvre Himmler-Kersten-Bernadotte :