Je suis beaucoup moins au fait de ces questions que toi et j'en profite pour porter un regard un peu extérieur.
Avec tes arguments, un tribunal est obligé d'acquitter, mais la question que pose l'histoire est différente : comment tout cela a-t-il été possible ? L'Eglise n'est pas une monarchie centralisée certes et "il y a de nombreuses demeures dans la maison du Père" mais l'Ecriture dit aussi : "Que ta main droite ignore ce que fait ta gauche", ce qui est bien pratique pour maintenir les façades immaculées ou presque. Pour prendre un exemple d'actualité, est-ce l'élu, l'actionnaire ou le rédac'chef qui ont fait en sorte qu'on parle le moins et le plus tard possible de l'abstention de Cécilia le 6 mai ? Et au fond, quelle importance ? N'y a-t-il pas là un comportement collectif, un climat ?
Pour en revenir à nos agneaux pascaux, le fond de l'affaire est politique, et c'est bien au niveau de Pacelli et de Montini que tout se joue. Ils ne sont pas nazis, mais ont longtemps considéré le nazisme comme un providentiel bélier contre l'athéisme soviétique, lequel offrait lui-même une chance historique de refouler l'orthodoxie et de prendre tout un tas de revanches en Europe centrale et orientale. En plus, aujourd'hui, le bulldozer Benoît, succédant à la formule 1 Jean-Paul, nous donne un parallèle éclairant -et ce d'autant plus que le premier était le collaborateur en chef, efficacement cornaqué, du second.
Tu as raison de dire que l'Eglise, après Pie XI, manque de hauteur de vues. Elle s'abandonne, si j'ose dire, à ses démons.
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