Encore pourrait on épiloguer sur le sous armement de la Ligne Maginot. Quand les Allemands ont voulu la franchir, ils ont tranquillement amené à pied d'oeuvre des 88 à tir direct, alors que nos ouvrages avaient, au maximum des 75 (à tir direct). En restant hors de portée, ils ont pu démanteler la ligne, là où ils le voulaient. Voir l'histoire des ouvrages de la Ferté. La Ligne Maginot c'était un géant avec un petit zizi (pardon pour l'inconvenance de la comparaison). On y a englouti des régiments entiers, au chaud, au sec, bien nourris, et même bronzés aux UV, mais ces troupes en conserve n'étaient d'aucune utilité en l'absence de projet offensif, et pléthoriques dans l'utilisation défensive de la Ligne. Le rapport effectifs/puissance de feu était dérisoire, si on le compare à celui d'un cuirassé ou d'un croiseur.
Ajoutons à celà les graves lacunes en DCA, qui laissaient la Ligne sans défense face aux Stukas ou à un assaut parachutiste.
Pire, même, la conception des artilleurs en était restée aux concepts de la guerre des tranchées. On avait préféré mortiers lourds et obusiers à tir courbe, redoutables contre des troupes enterrées dans des tranchées, mais inopérants contre des unités mobiles. Tous les gros calibres de la Ligne Maginot étaient à tir courbe, impuissants contre les unités mobiles d'assaut.
Quand on munissait un ouvrage d'un 75 à tir rapide (sic) c'était le maximum. On a même souvent vu des tourelles élaborées, des ouvrages impressionnants, n'être équipés que d'un fusil mitrailleur.
La Ligne Maginot n'a été vraiment efficace que dans les Alpes, parce que le relief entravait les possibilités d'évolution des assaillants, et que les codes de tir avaient été préétablis, avant la guerre, sur les points de passage obligés. Ce fut le dernier chant du cygne de l'arillerie lourde à tir courbe.
Quant aux 75 à tir rapide, calibre maximum de nos défenses à tir tendu, ils pouvaient s'avérer aussi dangereux pour les défenseurs que pour les assaillants, en témoigne celui qui équipait le fort du Barbonnet dans les Alpes Maritimes, qui explosa en pleine bataille, tuant ses servants. |