Fabrizio Calvi, dont je salue l'arrivée en ces murs d'électrons, lance parfois des affirmations mal étayées. Ainsi assimile-t-il étrangement la destruction des Juifs d'Europe et les injustices commises à l'égard de ceux d'Afrique du Nord. De même, il ignore les nombreuses pages consacrées par Hilberg au volet économique de l'extermination (par exemple au tome 1 de la nouvelle édition de poche, p. 163 à 234).
Il est plus convaincant lorsqu'il met en lumière le déni de justice subi après la libération de la France par les Juifs spoliés. Mais le souci des Français de refouler leur sentiment de culpabilité à l'égard des Juifs en fut-il le ressort unique, ou même principal ? Le refus gaullien de la mise en cause du patronat, afin que la France pût être gouvernée par d'autres que les communistes, et qu'elle tournât rapidement la page en retrouvant son rang et sa fierté, n'a-t-il pas eu sa part ?
Plus je lis Hilberg, moins j'aime son fonctionnalisme et son oubli fréquent de l'impulsion hitlérienne dans ce massacre. En revanche, il me semble qu'on doit porter à son crédit son refus des excès actuels (ou du moins récents) du "Shoah business" américain, clairement entaché d'une adhésion à la théorie, avant tout anti-musulmane, du choc des civilisations et du mépris concomitant envers la "vieille Europe".
PS.- Je serais enchanté si Fabrizio Calvi, qui a lui-même interrogé les survivants des Brigades Rouges, trouvait le temps de prendre connaissance du livre d'Amara (cf.
) et de nous dire son sentiment.