A Genève, Groussard est rapidement contrôlé par le représentant de L'Intelligence Service en Suisse romande, Victor Farrell, sous sa couverture de vice-consul. Pour informer les Britanniques, on a vu que Groussard sut réactiver efficacement ses contacts en France maintenant totalement occupée. Il créa alors le réseau "Gilbert", appuyé discrètement par des officiers du SR suisse de Masson, en particulier par le capitaine Clément. Bientôt, Farrell lui amènait un sous-lieutenant qui deviendra son adjoint : André Devigny (qui contrôlera Edmée Délétraz.)
Pour Belot comme pour d'autres historiens de la Résistance, Groussard était un chef de réseau bien informé. Mais il écrit qu'il est à l'heure actuelle encore difficile d'évaluer son bilan clandestin, les Britanniques ne lui ayant pas donné accès au dossier Groussard...
Le biographe de Frenay remarque aussi que Groussard s'est néanmoins lui-limité dans sa chasse aux renseignements : il ne faisait pas confiance aux civils des réseaux et ne voulait s'entourer que de cadres qui fussent d'ex-pros du renseignement. Le colonel n'avait pas saisi la singularité de la résistance au nazisme et à Vichy. Pour Belot, le résistant, soldat sans uniforme, est fondamentalement un révolutionnaire, du moins à partir de l'année 1942. D'où le mépris de ce colonel pour les non-militaires et les "amateurs" qui peuplent les mouvements de résistance et les réseaux de renseignement.. (p. 213.)
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