> ***Ses deux procès ont été accablants*** ça ne prouve en
> rien qu'il soit coupable, surtout compte tenu de l'ambiance
> de l'époque.
Bien au contraire, l'ambiance de l'époque, parce que baignant dans la Guerre Froide, a été finalement favorable à Hardy. Rappelons que le second procès est un procès militaire : l'armée n'allait pas offrir une fleur aux communistes à l'heure où les p'tits jeunes périssaient en Indochine.
Or, lesdits procès en eux-mêmes ont dévasté sa défense. Ils ont révélé que Hardy avait menti sur des éléments fondamentaux, que sa conduite en juin 1943 avait souvent été équivoque (euphémisme). La défense de Hardy a récusé les accablants documents allemands en invoquant leur... nationalité allemande, au motif que l'Allemand bobardise dès qu'il s'agit de causer de la France. Dans le contexte des années d'après-guerre, la manoeuvre était habile : aujourd'hui, elle ne trompe personne.
Contrairement à vous, je ne crois pas que René Hardy ait été un bouc-émissaire. Tout le désigne comme étant celui qui a livré Moulin. Tout. Malheureusement, une affaire au demeurant très simple a été compliquée par les passions partisanes et le souci du scoop, d'où la nécessité de séparer le vrai du faux : Hardy a bénéficié de cette complexification de l'affaire...
Par ailleurs, l'évasion d'Aubrac (organisée pour lui, et pas pour un autre) n'est pas un événément anecdotique. Il démontre clairement qu'Aubrac n'a pas trahi au profit de Barbie car si tel était le cas, jamais le gestapiste n'aurait sacrifié des soldats allemands pour les beaux yeux d'une taupe française : un Français, quel qu'il soit, ne valait pas les os du plus minable des éplucheurs unijambistes de la Wehrmacht.
Enfin, il faut arrêter de surestimer la Gestapo. Celle-ci a, pendant des décennies, bénéficié d'une aura d'invincibilité que n'auraient pas renié ses anciens membres. Mais des études plus ou moins récentes ont bien montré qu'elle fonctionnait à effectifs très limités, qu'il lui arrivait de commettre des bourdes, qu'elle manquait de moyens en dépit des fonds alloués. Un tel constat vaut pour l'Allemagne : il n'en est que plus pertinent s'agissant d'un territoire occupé où l'appui de la police française et autres supplétifs est déterminant. |