Bonsoir,
Je m'en voudrais de jeter à la poubelle la suite du récit des péripéties du général de Gaulle en cette belle journée du 14 juin 1944, scannée de mon vieux Paris-Match. Autant déposer ce texte ici pour le plaisir de chacun. L'anecdote est connue. Le général rencontre sur la route de Bayeux un curé/résistant. Ambiance :
*** Oui, c'est un beau jour que celui où apparaît au bout d'une si longue route, le premier village français.
C'est la fête, malgré les ruines. S'il reste une fenêtre, elle arbore un drapeau, s'il reste une cloche, elle sonne à toute volée. Et, faisant escorte à la jeep qui roule doucement entre les trous d'obus, les écoliers aux voix fausses chantent "la Marseillaise" et font claquer au pas leurs semelles de bois.
Soudain, au bruit d'un galop, de Gaulle se retourne, étonné d'entendre un cheval dans cette guerre mécanique. C'est un lourd percheron de labour qui fait feu des quatre fers sur les derniers pavés. Il est monté, sans selle ni étriers, par un grand et gros curé de campagne - tout rouge de la colère sacrée - qui, parvenu à la hauteur de De Gaulle, se laisse glisser à bas.
"Ah! vous voilà! (l'indignation l'étouffe, mais il se met au garde-à-vous). Mon général! j'ai écouté votre appel du 18 juin, j'ai aidé les patriotes, j'ai recueilli des parachutistes, j'ai été en liaison avec le maquis, et vous êtes passé à côté de mon village sans même vous arrêter pour me serrer la main! Ah, bien! si j'avais su que ça se passerait comme ça !
Le général a du mal à ne pas rire. Il descend de sa jeep, prenant le bon curé dans ses bras, lui dit :
"Monsieur le curé, je ne vous serre pas la main, mais je vous embrasse." ***
Franchement ! Si l'histoire nous était contée de manière aussi plaisante, nous en ferions des émules sur LdG !
Bien cordialement,
Francis. |