A la lecture de l'entretien avec Emile Brami, il semble vraisemblable que quelques jurons du répertoire du capitaine Haddock aient été puisés chez Céline.
Le "Haddock illustré - L'intégrale des jurons du capitaine" d'Albert Algoud ne donne aucune indication à ce sujet sauf ceci, en prologue de l'ouvrage:
*** Haddock ne s'abandonne pas au seul défoulement avec un vocabulaire adapté à son tempérament. Son goût immodéré pour l'anathème s'inscrit dans une tradition littéraire, celle des polémistes les plus virulents, qui, de Juvénal à Céline (*), de Rabelais à Bloy, de la Satire Ménippée à Dada et au Surréalisme, en passant par Ernest Coeurderoy, Jules Vallès, Georges Darien, Guy Debord, Carlo Emilio Gadda, Octave Mirbeau, et plus récemment Marc Edouard Nabe (l'auteur n'écoutant ici que ses préférences), se libèrent d'une colère ou d'un désespoir en se battant avec des mots, armes meurtrières dans cette guerre perpétuelle menée contre les médiocres et les méchants. ***
Beaucoup plus platement, j'ajouterais que Hergé est Belge et Bruxellois et que ceux-ci ont un goût prononcé pour les épithètes colorées toujours savoureuses qui émaillent les conversations. Prosper pourra confirmer que tout le reste n'est que "zieverdera d'un schieve architect de la Kadémie"... incompréhensible et intraduisible pour tout autre que le Belge. Un petit exemple (sur lequel nous reviendrons): Le banquier véreux de "L'Etoile mystérieuse", dans l'édition de 1942, se nommait "Blumenstein" aux connotations antisémites. Dans la réédition "Blumenstein" devient "Bohlwinkel". On s'apercevra plus tard que "Bohlwinkel" est également un patronyme israélite. En réalité le terme d'origine flamande, - "Bollewinkel" pour être précis - est d'un usage courant. Littéralement "Bollewinkel" se traduit pas "magasin de bonbons" mais signifie indifféremment "boutique de bric à brac", une endroit bordélique pour son désordre, etc....