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L'Affaire Jean Moulin. Trahison ou complot ? - Jacques Gelin
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

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le Glossaire de Francis a trouvé :


Abwehr - Allemagne nazie
-

Service de renseignement et de contre-espionnage allemand sous la direction de l'amiral Canaris.
De son nom complet : Amtsgruppe Auslandnachrichten und Abwehr.
En abrégé: A.Ausl./Abw.


Bastien (Lydie)
-

Maîtresse de René Hardy.


Combat - Résistance (France)
-

L'un des premiers mouvements de résistance en Zone Sud. Fondé par Henri Frenay. Le mouvement "Combat" est issu de la fusion du MLM (Mouvement de Libération Nationale)d'Henry Frenay et Bertie Albrecht avec le Mouvement des Démocrates Chrétiens "Libertés".


Frenay (Henri) - Résistance (France)
-

Fondateur de "Combat" premier mouvement de Résistance en Zone Sud.
Compagnon de la Libération - Biographie


Gaulle (Charles de) - CDG - France libre
-

A hissé le grade de Connétable bien au dessus de celui de Maréchal, fut il de France.
Le site officiel


Hardy (René) - Résistance (France)
-

Ingénieur SNCF, recruté par le mouvement "Combat", chef du NAP-Fer (Noyautage des Administrations Publiques - la SNCF.


Indochine
-

Nom donné à l'ensemble colonial français à la péninsule qui comprenait les trois ky (provinces) viêtnamiens: la Cochinchine (au sud), l'Annam (au centre) et le Tonkin (au nord) ainsi que le Cambodge et le Laos.

-

Le terme "Indochine" apparaît pour la premiere fois vers 1813 et regroupe le Tonkin, l'Annam, la Cochinchine, le Laos, le Cambodge.
Le terme s'écrit de trois façons: Indo Chine, Indo-chine ou Indochine. Le terme n'existe plus après le départ des Francais.


Moulin (Jean) - Résistance (France)
-

(Bézier 1899 - en déportation 1943)
Préfet à Chartres, il fut mis en disponibilité en juin 1940 par le gouvernement de Vichy.
À Marseille, il rencontra Henri Frenay et rejoignit Londres. Parachuté en zone sud en 1942, il fut chargé par le général de Gaulle de rassembler la Résistance française et constitua l'Armée secrète. Délégué général au Comité national français de Londres, il créa une administration de la Résistance et organisa les services communs à tous les mouvements et réseaux. Fondateur et premier président du Conseil national de la Résistance, qu'il réunit pour la première fois le 27 mai 1943 à Paris, il fut livré par trahison à Caluire, le 21 juin 1943. Torturé, il mourut au cours de son transfert en Allemagne le 8 juillet 1943.
[Source : Dictionnaire des personnages in La France en guerre, du Front populaire à la victoire 1943 - 1945 (Histoire de France illustrée), (s. dir. Ph. Masson), Paris : Larousse-Sélection du Reader's Digest, 1988]
Compagnon de la Libération


Parti Communiste - PC

R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


Service de Renseignements - SR - France libre
-

Créé et dirigé par le colonel Passy, le SR deviendra le BCRAM (Bureau Central de Renseignements et d'Action Militaire), précurseur du BCRA.


MUR - Mouvements Unis de la Résistance - Résistance (France)
-

Créée à l'instigation de Jean Moulin en janvier 1943, l'organisation fusionne les trois grands réseaux de la Zone Sud: "Combat", "Libération-Sud" et "Franc-Tireur".


NAP - Noyautage des Administrations Publiques - Résistance (France)
-

le NAP-Fer: dirigé par René Hardy était spécialement chargé de noyauter l'administration de la SNCF


PCF - Parti Communiste Français

RSHA - Reichssicherheitshauptamt - Allemagne nazie
-

Office Central de la Sécurité du Reich créé en 1939 avec à sa tête Reinhard Heydrich. Après l'assassinat de Heydrich par la Résistance tchèque à Prague, le 8 juin 1942, le poste est confié à Ernst Kaltenbrunner.
Le RSHA comprend 7 divisions (Amt - Ämter au pluriel):
- Amt I : Service du personnel pour l'ensemble du RSHA.
- Amt II : Questions administratives, économiques et droit.
- Amt III : Inland SD (Sicherheitsdienst) - Service de renseignement et de sécurité intérieure.
- Amt IV : Gestapo - Recherche des adversaires du régime et répression.
- Amt V : Kripo - Police criminelle
- Amt VI : Ausland SD (Sicherheitsdienst)- Service de renseignement et de sécurité à l'étranger.
- Amt VII : Documentation, études et recherches idéologiques.


SD - Sicherheitsdienst - Allemagne nazie
-

Service de sécurité responsable de la surveillance intérieure, du renseignement, de l'espionnage et du contre-espionnage du parti.
Dans l'organigramme du RSHA (Office Central de la Sécurité du Reich) le SD est désigné:
- Amt III Inland SD (service de renseignement intérieur)
- Amt VI Ausland SD (service de renseignement à l'étranger)


SS - Schutzstaffel - Allemagne nazie
-

"Echelon de protection" ou "Section de protection".
Créée en 1923, la SS est d'abord la garde prétorienne de Hitler. Sous l'impulsion de Heinrich Himmler qui en prend la tête le 6 juin 1929, elle devient la police du Reich. A partir de 1937, la SS est chargée de la gestion du système concentrationnaire.
Himmler portera le titre de "Reichsfürher-SS".

A partir de 1935, la SS se subdivise en différentes branches notamment:
- SS Verfügungstruppe (troupes mises à disposition), organisées militairement et qui deviennent, au début de la guerre, les Waffen SS.
- SS Totenkopf (tête de mort) chargées de la garde des camps de concentration.

Dans ce texte :

L'Affaire Jean Moulin. Trahison ou complot ?

Jacques Gelin

Dans son gros livre, le journaliste Jacques Gelin présente, de manière parfois passionnante, parfois fastidieuse, le déroulement détaillé d’une investigation approfondie et bien référencée. Afin d’éviter que le lecteur ne perde trop le fil, il offre un résumé de ses résultats à la fin de chaque chapitre. En gros, en ce qui concerne le mystère de l’arrestation de Jean Moulin, sujet de l’ouvrage, Jacques Gelin consolide les preuves de la culpabilité de René Hardy, qu’il nuance par le fait, inavouable aujourd’hui un peu moins qu'hier, que celui-ci, patriote courageux, pensait servir la France en éliminant un dirigeant qu’il jugeait sur le point de favoriser la mainmise du parti communiste sur la Résistance.

Tout d’abord, se fondant sur des témoignages de première main, ceux de Marcel Degliame et de Claude Bourdet, cadres du mouvement de résistance Combat, celui du colonel Oscar Reile de l’Abwehr (service de renseignements de l’armée allemande), Jacques Gelin nous apprend que René Hardy, régulateur SNCF, créateur du NAP-Fer, chef du 3e bureau de l’Armée secrète, devenu très anticommuniste, travaillait aussi pour plusieurs services de renseignements (vichystes antiallemands, britannique, américain) et entretenait également des rapports étroits avec un officier antinazi de l’Abwehr dès janvier 1943, mois au cours duquel ce dernier lui a fait rencontrer Lydie Bastien, une très belle jeune femme, à qui il a donné pour mission de séduire Hardy afin de le surveiller de près.

Puis, Jacques Gelin rappelle un épisode capital et désormais très connu : dans la nuit du 7 au 8 juin 1943, René Hardy, reconnu par un résistant retourné (Jean Multon) qu’accompagne l’agent K30 de l’Abwehr (l’Alsacien Auguste Moog), est arrêté dans le train Lyon-Paris. Identifié et livré à Klaus Barbie, lieutenant SS, chef de la section IV (« Gestapo ») du KDS (antenne régionale) de Lyon, il accepte de collaborer croyant la vie de sa maîtresse Lydie Bastien menacée, et passe ainsi, selon Jacques Gelin, du statut de collaborateur volontaire des antinazis de l’Abwehr à celui de collaborateur involontaire des nazis de la Sipo-SD (police de sécurité). Cependant, Jacques Gelin se demande si tout cela ne faisait pas partie de la vaste opération militaire d’intoxication des Allemands menée par les Alliés pour faire croire à ceux-ci qu’un débarquement aurait lieu en Provence en été 1943 afin de détourner ainsi leur attention de la Sicile. En effet, durant la semaine du 10 au 17 juin qu’il passe dans les locaux de Klaus Barbie, René Hardy reconstitue pour ce dernier le plan de sabotages ferroviaires en vue du débarquement fictif en Provence. Une fois libéré, René Hardy avoue avoir été appréhendé (sans avoir été précisément identifié ?) par les Allemands à l'adjoint de Henri Frenay à la tête de Combat, Pierre de Bénouville, lequel l’envoie tout de même à la fameuse réunion prévue le 21 juin dans la maison du docteur Frédéric Dugoujon à Caluire où Jean Moulin doit désigner des successeurs temporaires au chef de l’Armée secrète, le général Charles Delestraint, qui vient d’être arrêté à Paris. Jacques Gelin relate de façon circonstanciée (car les détails ont une grande importance) l’épisode fatidique du 21 juin. Suivi sur ordre de Klaus Barbie par l’agent double Edmée Delétraz, qui, au service de la Résistance, donne en vain l’alerte, René Hardy conduit les hommes de la Sipo-SD à la maison Dugoujon, d’après des témoignages et des rapports allemands incontestables (voir le rappel ci-dessous), permettant ainsi l’arrestation de Jean Moulin et de six autres dirigeants des MUR (Mouvements unis de résistance). De connivence avec Klaus Barbie qui veut sans doute le protéger pour le réutiliser plus tard comme agent double, René Hardy feint de s’enfuir. Le seul à ne pas être menotté, il frappe son gardien et court à travers la place Castellane. Les Allemands tirent, non en rafales, mais seulement quelques balles au coup par coup, font mine de le poursuivre et, vraisemblablement, le récupèrent en voiture un peu plus tard. Afin de dissiper les éventuels soupçons de ses camarades, ils lui tirent, à sa demande, une balle dans le bras sous la supervision d’un médecin qui s’assure que le projectile ne causera pas une blessure invalidante. René Hardy affirmera avoir été blessé sur la place Castellane, mais il sera prouvé, après la guerre, que c’est absolument faux (trajet de la balle dans le bras : du poignet au coude ! examen de la veste mal stoppée : traces de poudre indiquant un tir à environ 40 cm). Comme des résistants, qui le croient coupable de trahison, tentent de l’empoisonner à l’hôpital français de l’Antiquaille, il est transféré à l’hôpital allemand de la Croix-Rousse d’où il prétend s’être évadé d’une manière rocambolesque alors qu’il a le bras dans le plâtre ! En fait, il est libéré début août 1943 par les Allemands et va se mettre au vert. Ceux-ci font semblant de le rechercher, mais Jacques Gelin révèle qu’il ne se trouve pas sur la liste des personnes vraiment recherchées à cette époque…

Ensuite, Jacques Gelin démontre, point par point, que, à l’issue de ses deux procès en 1947 et en 1950, René Hardy a été acquitté pour des raisons politiques dans le cadre de la guerre froide naissante et du conflit en Indochine. En effet, des documents et des témoins accablants pour Hardy ont été sciemment écartés, le commissaire du gouvernement ayant reconnu qu’on lui avait demandé d’être très clément....

Revenant à la période de l’Occupation, Jacques Gelin découvre que, dès fin 1942, un rapport, envoyé à Londres par le colonel Georges Groussard, chef des réseaux de renseignements militaires Gilbert, considérait Jean Moulin comme cryptocommuniste, puisqu’il avait été entouré, depuis le Front populaire et ses fonctions auprès de Pierre Cot, par des agents des services secrets soviétiques. Toutefois, à la suite d’une enquête, Londres a disculpé Jean Moulin au début 1943, de Gaulle estimant que seul cet homme de confiance très à gauche pouvait l'aider à circonvenir le PCF.

Pourtant, Jacques Gelin envisage l’hypothèse qu’un complot politique a été ourdi en vue d’éliminer un Jean Moulin censé permettre aux communistes de prendre les rênes de la Résistance unifiée juste avant le débarquement allié que les résistants attendaient pour l’été 1943 à la suite de l’opération d’intoxication. En effet, si Pierre de Bénouville savait que René Hardy avait été parfaitement identifié par Klaus Barbie, en l’envoyant, en toute connaissance de cause, à la réunion de Caluire, il réglait ainsi le problème du conflit entre Jean Moulin et le mouvement Combat et entravait la prise de pouvoir communiste, peut-être en accord avec Henri Frenay et le colonel Georges Groussard. Plus, comme Pierre de Bénouville était en relation étroite avec Allen Dulles des services secrets américains, Jacques Gelin suppose que celui-là pourrait avoir agi avec l’assentiment de celui-ci. Néanmoins, au bout du compte, non seulement Jacques Gelin n'apporte aucune preuve d’un tel complot, mais encore il reconnaît ne pas y croire vraiment. C’est pourquoi Jean-Pierre Azéma, historien patenté et réputé, spécialiste de la période, parle d’un traître (Multon), d’un coupable (Hardy) et d’un responsable (Bénouville).

Preuves de la culpabilité de René Hardy dans l’arrestation de Caluire :

I. Deux témoignages :

1° Celui de l'agent double Edmée Delétraz, au service de la Résistance, qui a affirmé avoir vu René Hardy donner à la « Gestapo » la date et l'heure de la réunion, et avoir été chargée de le filer jusqu'à son lieu que René Hardy ignorait encore ;

2° Celui de Klaus Barbie, chef de la section IV (« Gestapo ») du KDS (antenne régionale de la police de sécurité allemande) de Lyon et responsable de l'arrestation des participants à la réunion, qui, de 1948 à 1990, a toujours déclaré que c'était René Hardy qui avait livré la réunion de Caluire.

II. Deux documents :

1° Le rapport « Flora » du KDS de Marseille établi le 19 juillet 1943, qui mentionne que « Didot » (pseudo de René Hardy), en qualité d'agent double, a permis l'arrestation de Jean Moulin et de chefs des MUR ;

2° Le rapport « Kaltenbrünner » signé par le chef du RSHA (Office central de sécurité du Reich) le 29 juin 1943, qui précise que le KDS de Lyon a réussi, grâce à « un jeu d'agents » réalisé avec René Hardy, à mettre la main sur une réunion de dirigeants des MUR : « Grâce à un jeu d’agents auquel Hardy s’est prêté, le commando d’intervention de la Sipo-SD de Lyon […] a réussi à surprendre une réunion de dirigeants des Mouvements unis de la Résistance. »

Un livre à lire absolument pour son enquête extrêmement circonstanciée, étayée de nombreux témoignages pertinents et, par là, éclairante, même si elle ne semble pas fournir les preuves d'un complot contre Jean Moulin...

 

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