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Des passions toujours vives mais un débat nécessaire de René CLAUDE le vendredi 20 février 2004 à 23h29

Bonsoir,

Cette guerre qui ne disait pas son nom fut longue et dure et elle reste un sujet très affectif. Si la Seconde guerre mondiale, plus de 60 ans après, déclenche encore des passions très vives, on imagine ce qu'une guerre coloniale vieille d'un peu plus de 40 ans peut déclencher comme débats et comme polémiques chez les anciens partisans et opposants de la politique qu'il faut bien dire louvoyante - ou "à vue" - du général de Gaulle.

Le bouquin de Benamou est un coup de gueule plus qu'une étude historienne. C'est le spécialiste de ce genre de coup de fouet un peu provo qui secoue les intellectuels parisiens. Il ne faut pas oublier qu'une partie de la gauche (G.-M. Benamou en fit partie) et de l'extrême gauche extra-parlementaire avait fait de cette guerre trop souvent occultée un cheval de bataille dans les années 60 et 70, au besoin en diffusant des mythes et des contre-vérités qui ont la vie dure.
Les historiens commencent à peine à pouvoir aborder sans trop de résistance certains aspects d'un conflit dont la mémoire est encore brûlante chez celles et ceux qui en furent les acteurs, les témoins et bien sûr les victimes. Le mérite du livre de Benamou est de relancer le débat en essayant de rectifier certains paramètres, c'est une bonne chose, même s'il le fait très (trop) frontalement. (De toute façon, je n'ai jamais lu à ce jour un livre réellement "neutre" sur cette guerre. L'affect surgit souvent, même très discrètement sous la plume des chercheurs les plus auto-disciplinés qui ont abordé ce conflit. C'est un "canton" de chaque Français et de chaque Française comme de chaque Algérien et de chaque Algérienne qui vibre encore à la moindre sollicitation. Tous ces gens qui ont cru en quelque chose !)

Je conseillerai à ceux qui s'intéressent à cette guerre l'étude de Pierre Pellissier, "La bataille d'Alger", chez Tempus/Perrin qui apporte aussi des éléments nouveaux. Bien que discrètement partisan - en gros, il est assez pro-Massu dont il est le biographe - Pellissier passe au crible d'une enquête poussée tout ce qui a été dit et reproduit souvent sans fondement sur ces mois de guerilla urbaine et de contre-terrorisme.

Bien cordialement,

René Claude

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