Un jour, entre deux missions, l'autre belge de l'escadrille et moi-même, reçûmes la visite inattendue de Monsieur Camille Gutt, le ministre des Finances du gouvernement belge du premier ministre Pierlot, établi à Londres. Il venait nous remettre la croix des évadés du territoire occupé par l'ennemi. Je ne lui fis pas l'affront d'avouer que je la détenais déjà depuis près de deux ans et le remerciai chaleureusement. Nous sympathisâmes et Camille Gutt, âgé de soixante ans à l'époque, expliqua qu'il avait trois fils dans la RAF, dont un malheureusement avait succombé sous le feu de l'ennemi. Il était venu nous voir à bord de l'avion de Divoy et Donnay qu'il pilotait lui-même. Cet avion était célèbre. Il s'agissait d'un appareil deux places d'écolage, un SV4 de l'aviation belge, que les pilotes Divoy et Donnay avaient volé pour fuir la Belgique et rejoindre l'Angleterre.Déjà en 2005, nous donnions déjà quelques précisions sur cette exceptionnelle opération d'assainissement des finances belges : Le miracle belge
Ce Gutt était un personnage exceptionnel. Il fut considéré comme le génie financier de l'Europe de l'après-guerre. Il devint de 1946 à 1951 le premier directeur général du Fonds monétaire international. Avant cela, ministre des Finances belges de 1940 à 1945, il sortit la fameuse loi Gutt en 1944 pour stopper l'inflation galopante et stabiliser et fortifier le franc belge. Ce fut un succès total même s'il se fit détester par un grand nombre de personnes car la totalité des avoirs fut déclarée et l'argent noir mis à jour ou perdu. Son système était simple mais radical. Tous les citoyens belges reçurent deux mille nouveaux francs belges (ou francs Gutt comme beaucoup les appelaient) en échange de leurs anciens billets. Le surplus fut bloqué de manière nominative en banque et comptes chèques postaux. Un déblocage progressif suivit en fonction de l'augmentation de la production. La masse monétaire passa de 140 milliards de billets de banque à 25 milliards. La production reprit rapidement et le franc belge devint à ce moment, un des plus forts du monde.
Un autre grand homme, Pierre Mendès-France, fut tenu dans le secret des dieux de la finance. Il batailla durement pour réaliser une opération similaire " socialement équitable (chacun recevait au départ la même somme), moralement juste (l'enrichissement douteux est démasqué) et surtout économiquement saine, car par cette épargne forcée, on proportionne la circulation monétaire à la production (les fonds sont débloqués au fur et à mesure des progrès de la reprise et on casse le processus inflationniste ". On sait ce qu'il en advint. Seuls quelques socialistes, proches de Mendès-France le soutiennent, la droite et surtout le Parti communiste (allez-savoir pourquoi?) est contre. Désavoué, P.Mendès-France démissionnera." Allez-savoir pourquoi ?? " Une hypothèse m'est venue à l'esprit. Ce sera pour une autre fois sous un fil ou un ouvrage approprié.
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